Un entretien délicat, des problèmes d’eau, un lotissement privé
Si les riverains de cette portion du boulevard étaient assommés par le drame hier matin, ils n’en étaient pas moins diserts sur une problématique trop récurrente dans le quartier : « On est le réceptacle des eaux de pluie de tous les vallons. Tout descend des collines », expose Jean-Daniel Lelièvre, riverain qui habite en contrebas de la Costière, donc de l’autre côté du Magnan, en face de la maison sinistrée de Jacqueline Mampreyan. « Nous aussi, on a eu des problèmes il y a quelques années. Le garage s’était effondré sous la poussée d’une coulée de terre et de pierres… »
« Trop de terrassement »
Jean-Luc, un des voisins de la rue Sevan, les yeux bouffis, sous le choc de la nouvelle, arrive à expliquer :
« On a tellement construit sur les collines, en amont… À chaque fois qu’ils font du terrassement, tout dégringole jusque chez nous… Alors quand en plus, nos murs de soutènement sont vieux de ans… » Pour Christian Gagne, président du comité de quartier Codei Madsup,
« c’est la consternation… Et la colère aussi. Parce qu’on a plusieurs fois signalé ces risques… » Et de marteler : « Il faut prendre le problème de ces vallons par les cornes. On a un problème d’écoulement d’eau ici, on a le même problème à la Costière, mais aussi au niveau du vallon de Saint-Roman-de-Bellet… Il faut canaliser les eaux pluviales qui dégringolent en torrent et entraînent des coulées de galets et de terre… »
Et de concéder… « Il faut aussi que les gens arrêtent de faire n’importe quoi en termes de construction… Tout n’est pas toujours déclaré… »
Fragile cité arménienne
Outre ce problème qui concerne pratiquement toute la Madeleine, il y a ceux spécifiques de ce groupement de maisons, la cité arménienne, qui est un lotissement privé construit en . Un endroit où les habitants n’ont pas réussi à s’unir dans un syndicat de copropriétaires pour parler d’une seule voix.
« C’est un enfer, confie Véronique, l’une des propriétaires de la rue Sevan. Parce que tout est très coûteux à entretenir et à refaire pour des particuliers comme nous, et en plus, il faut que tout le monde veuille bien participer… »
Mais de relever : « En revanche, se cacher derrière le fait que ce soit privé pour ne pas intervenir, c’est inadmissible ! J’estime qu’un maire est responsable de la sécurité de ses riverains. »
Elle pointe les torrents d’eau et de galets à chaque pluie, issus « d’un bassin de rétention pas nettoyé par la Ville et qui génère une véritable cascade. Et crée des affaissements de la route ».
Aldo Krajcar qui habite là depuis , pointe, lui, « un regard bouché, qui empêche l’eau de s’écouler correctement », à l’entrée du tunnel des chemins de fer de Provence. Et fustige « l’état d’abandon du quartier, aggravé par les incivilités… » Quant à Jean-Jacques Aiguebonne, riverain depuis , il résume :
« C’est privé, mais avant la Métropole, on avait un nettoyage deux fois par an, les ordures ménagères collectées devant nos portes… Plus rien de tout cela désormais. Pourtant je vous assure que nous payons des taxes. Et puis comme tout est très pentu, ça ravine, ça s’affaisse. Et certains propriétaires et bailleurs n’entretiennent pas les talus. Tout est fait pour que ça se passe mal… C’est dommage, c’est un quartier sympa, calme, presque un petit paradis ». Et une riveraine de conclure : « C’est un quartier historique… Dont on va fêter le centenaire bientôt… ça se protège, non ? Il faut faire quelque chose pour la mise en sécurité des gens de ce quartier ».