Monaco-Matin

Mi-figue mi-Macron

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Trente mois le  novembre, pour Emmanuel Macron voici le cap de la mi-mandat et le temps d’un bilan pour amorcer la suite qui, dans sa tête présidenti­elle, doit conduire à une réélection au printemps . Pour parvenir à ses fins, le chef de l’Etat ne manque pas de cartouches mais pas celles qu’il imaginait en s’installant à l’Elysée.

Nous allions voir ce que nous allions voir avec la promesse d’avoir enfin un Président efficace, donc obtenant des résultats tangibles pour les Français. Qu’en est-il sur ce terrain-là ? Nul doute que le Président garde dans l’opinion une image de réformateu­r mais son action, pour autant, ne convainc guère les Français. Un sondage Elabe ne vient-il pas de constater que  % d’entre eux considèren­t que son élection en  a été une mauvaise chose ! Certes, il ne connaît pas le discrédit de son prédécesse­ur François Hollande ( % de confiance en octobre  dans le baromètre Figaro/Sofres) mais, avec une

cote de confianced­e%à mi-mandat, Emmanuel Macron

fait beaucoup moins bien que Nicolas Sarkozy et ses  %. Bref, le mécontente­ment est là, plaie ouverte qui ne cicatrise pas depuis la crise des « gilets jaunes », menacée d’inflammati­on avec la réforme des retraites si le pouvoir ne parvient pas à désamorcer les préavis de grève dans les transports publics pour un  décembre de tous les dangers. Certes, le Président peut plaider que le chômage poursuit sa baisse mais on peut lui objecter que, en ce domaine, nous faisons toujours moins bien que nos voisins européens. Redonner du sens et de l’efficacité à ses réformes est donc un enjeu majeur pour le chef de l’Etat à ce moment de son quinquenna­t.

Le Président est, en revanche, mieux armé sur le terrain politique où il s’avère être un maître tacticien. Depuis trente mois, il a réussi à annihiler toutes les tentatives de reconstruc­tion de la droite et de la gauche dites gouverneme­ntales. Du coup, il se retrouve, pour l’heure, avec le schéma espéré, un face à face souhaité entre lui et Marine Le Pen, pariant sur un rejet de la présidente du Rassemblem­ent national. C’est, cependant, jouer avec le feu car les écarts entre eux se resserrent et leur match retour se rapproche petit à petit de la zone d’incertitud­e. En outre, avec sa percée éclair en , Emmanuel Macron a démontré avec éclat qu’en politique tout est désormais possible. C’est donc une présidenti­elle fondée sur le moindre rejet qui se prépare. Elle laisse du coup un espace nommé « désir » pour un troisième larron qui, pour l’heure, n’existe pas mais pourrait, dans un monde où tout va très vite, rejouer le scénario de .

« Le Président est mieux armé sur le terrain politique où il s’avère être un maître tacticien. »

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