La police municipale muscle son action environnementale
Dans le cadre de la guerre qu’elle mène contre les incivilités, la mairie de Menton a réorganisé sa brigade de l’environnement. Constituée de quatre agents, celle-ci prévient... avant de verbaliser
Elle existait déjà. Mais en début d’année, la mairie de Menton a décidé de lui donner davantage de corps. Jusqu’alors constituée uniquement d’ASVP (agents de surveillance de la voie publique), la brigade de l’environnement s’est étoffée avec l’arrivée de deux policiers municipaux dans ses rangs. Volontaires pour cette nouvelle mission, ils étaient jusqu’alors chargés du stationnement payant. Depuis le mois de juin, beaucoup d’habitants et de commerçants ont ainsi pu rencontrer les quatre membres de la brigade, en pleine tournée de prévention. Rappelant qu’il existe des poubelles jaunes pour recycler. Invitant à ne pas déposer les poubelles au sol – pour éviter que les goélands n’éventrent crânement les sacs.
Plus de déchets au sol
« Le problème qu’on avait, c’est que les ASVP ne peuvent verbaliser, à la différence des policiers. Même si leur action est importante : ils font de la prévention, rappellent les règles, distribuent des documents, se montrent vigilants par rapport aux dépôts sauvages...», explique le responsable de la police municipale, Pierre Boutillon. Insistant sur le fait que la verbalisation n’est apparue qu’en septembre, après une longue phase de pédagogie. Entre autres parce que les gens « n’imaginaient pas que ça allait changer ». Car le constat est bien là : « C’est toujours difficile de “faire de l’environnement” : tout le monde en veut mais quand il s’agit de passer à l’acte il n’y a plus personne », résume le responsable. Les chiffres illustrent en eux-mêmes ces mauvaises habitudes. Depuis qu’elle a commencé à sévir, la brigade a en effet verbalisé à 186 reprises. Et dégainé 70 PV.
« On veut couper court à toute contestation. Qu’il s’agisse des cartons, des poubelles, des gravats. Et, bien sûr, des dépôts sauvages – dès qu’un endroit est boisé, on sait qu’il y a un risque », reprend Pierre Boutillon. Rappelant que dans ces cas extrêmes, le PV peut aller jusqu’à 1500 euros. La brigade s’attache par ailleurs à ce que les citoyens respectent les règles de collecte dans le centre-ville. Pour le moment, les agents dressent des PV de 35 € pour le non-respect des horaires. Mais la sanction pourrait aller jusqu’à 180 €.
« Par le passé, une benne passait devant les magasins, mais ce n’est plus possible. Et quand un carton reste de dehors, les autres y ajoutent des poubelles etc. Il arrive que l’info ait du mal à circuler au sein des commerces. On fait alors preuve d’indulgence. Mais l’objectif, c’est d’arriver à ne plus avoir de déchets au sol. »
Autre fléau combattu par la brigade verte : les déjections canines. Une quinzaine de personnes a déjà été verbalisée pour de tels actes d’incivisme. « Le maire ne veut pas d’agent en civil, il juge que c’est déloyal. Mais c’est vrai que quand les gens voient passer les agents en tenue, ils ramassent », souligne Pierre Boutillon. Ajoutant que les fautifs n’ont aucune excuse : des sacs prévus à cet effet sont distribués dans toute la ville.
C’est aussi la brigade qui assure le suivi dans la lutte contre les voitures épaves. À ce jour, 231 ont été enlevées (contre 95 l’an dernier). 154 restent en attente.
« Les gens signalent sur le site Menton ma ville. Mais la démarche est assez complexe. C’est long d’attendre sept jours constatés. On envoie alors un courrier recommandé annonçant une destruction à venir. » En absence de réponse, les agents peuvent sévir. Problème : les quotas imposés seront bientôt atteints et les agents seront contraints à stopper leur activité, en attendant de nouvelles autorisations. Mais une fois encore, pas d’excuse valable pour les contrevenants. La communauté d’agglo proposant la gratuité pour les dépôts volontaires – qui ont, depuis, presque doublé. « Quant aux professionnels qui jouent à cela, on les traque. Nous sommes déjà remontés jusqu’au numéro de moteur pour identifier un contrevenant. C’est une véritable enquête, avec la collaboration de la police nationale. Et quand on voit des garages qui commencent à s’organiser sur des terrains pas adaptés, on attaque en justice. » Du point de vue du responsable de la police municipale, tous les outils et dispositifs existent pour se débarrasser proprement de son véhicule. « De la part des pros qui laissent des carcasses, c’est clairement une volonté de ne pas payer. Alors qu’il est tout à fait normal que ce soit, pour eux, facturé. » Dans le chapitre du stationnement anarchique, les agents ne sont pas au bout de leurs surprises. « Certains loueurs ont demandé 80 disques bleus pour pouvoir garer toute leur flotte...» Refusé, naturellement.
En parallèle, il est prévu que la brigade scooter – qui travaille principalement sur le bruit et la vitesse – passe de deux à quatre engins. «Làdessus, nous sommes intransigeants », fait savoir Pierre Boutillon.