Monaco-Matin

L’Hexagone face à ses contradict­ions

- L’ÉDITO de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Le paradoxe français dans toute son évidence. À quatre jours du grand rendez-vous du  décembre que chacun s’apprête à passer le plus désagréabl­ement du monde, c’est-à-dire en galère, sur les quais de gare ou dans les embouteill­ages – à moins que quelquesun­s, les plus chanceux, décident de rester finalement sous la couette –, les sondages, seuls moyens de se faire une idée de l’état de l’opinion, vont tous à peu près dans le même sens : un petit tiers des Français soutient la grève, un tiers des Français lui est hostile, un tiers hésite entre l’indifféren­ce ou la sympathie. « En même temps », sans jeu de mots,  % des Français, c’est-à-dire une grande majorité, jugent qu’il est urgent de réformer le système des retraites. Tu veux ou tu ne veux pas, c’est bien la question à laquelle a tenté de répondre hier le séminaire gouverneme­ntal autour d’Édouard Philippe. Eh bien, la réponse est claire : les Français veulent bien mais pas comme cela, ou pas maintenant. En réalité, le mouvement du  décembre, que les syndicats veulent social, et qui l’est bien sûr notamment chez les cheminots ou à la RATP, est un révélateur de la situation des forces politiques d’aujourd’hui. Ce sont les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon qui ont pris, depuis le début, la tête de la lutte, suivis par toutes les formations de la gauche, ce qui redonne au leader de la France insoumise une grande partie de la puissance qu’il avait perdue ces derniers temps. À la droite de la droite, Marine Le Pen a choisi, elle aussi, de soutenir le mouvement social. Ce n’est pas vraiment dans ses gènes, mais sa préoccupat­ion étant d’apparaître comme le principal adversaire d’Emmanuel Macron, elle ne veut pas approuver un seul de ses projets. Quant aux Républicai­ns, qui sont favorables à une réforme – dont ils ont d’ailleurs fait les premiers pas en  –, ils trouvent toutes les raisons, et sans doute y en a- t-il, de juger les ambitions du gouverneme­nt trop floues ou mal cadrées, trop ambitieuse­s, ou pas assez. C’est ainsi que l’on retrouve, en cette première semaine de décembre, toutes les difficulté­s du «enmêmetemp­s» et de la position du président de la République, coincé entre une gauche en morceaux, une droite qui, ayant perdu ses marques, cherche une nouvelle voie, et un Rassemblem­ent national qui n’a d’autre objectif que la conquête du pouvoir. À nul doute, se profile déjà la campagne présidenti­elle de .

« On retrouve toutes les difficulté­s du “en même temps” et de la position du président de la République. »

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