Concurrence sur les TER : première étape demain
L’ouverture à la concurrence du ferroviaire entre dans une phase plus concrète, les Régions qui le souhaitent pouvant à partir de demain passer des appels d’offres pour confier une partie de leurs TER à un opérateur autre que la SNCF.
« C’est un chantier d’expérimentation qui va s’ouvrir », résume David Valence, le vice-président chargé des transports du Grand Est, qui est prêt à se lancer dans l’aventure. Il envisage « quelque chose de progressif » ,un processus améliorable au fur et à mesure. Son objectif : faire des économies « peutêtre de 15 à 20 % en fonctionnement, pour les réinvestir dans des commandes de trains supplémentaires ». Imposée par une directive européenne, la mise en concurrence sera obligatoire à compter du 25 décembre 2023 pour les transports publics subventionnés par les pouvoirs publics, à la fin du contrat les liant à la SNCF. En attendant, les Régions qui le souhaitent vont pouvoir choisir une autre compagnie pour exploiter certaines lignes, à condition d’avoir prévu dans leur convention avec l’opérateur historique un « coupon détachable » prévoyant cette option.
Pas en activité avant fin
Sauf hésitation de dernière minute, les trois premières régions à sauter le pas seront Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, Grand Est et les Hauts de France, suivies un peu plus tard par les Pays de la Loire. Elles seront accompagnées par l’État, qui est soumis à la même règle pour les Intercités qu’il subventionne, et veut ouvrir les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon à la concurrence.
Quoi qu’il en soit, les premiers « trains de la concurrence » ne devraient pas rouler avant fin 2022, compte tenu des délais nécessaires pour la réponse à l’appel d’offres, la désignation du vainqueur et la préparation de la transition.
Les élus reprochent régulièrement à la SNCF son manque de souplesse, sa totale absence de transparence dans les comptes, ses coûts élevés, son incapacité à planifier les travaux, sa mauvaise volonté à communiquer des données sur les lignes, et bien sûr la fermeture des guichets, les horaires inadaptés, les trains supprimés, les retards, les grèves…
La SNCF commence à faire son aggiornamento, promettant d’être plus ouverte, plus proche des territoires, et d’améliorer son service. Sa direction TER a d’ailleurs lancé un vaste « plan de transformation » qui a, semble-t-il, enrayé la spirale du déclin. De son côté, le président de l’Autorité de régulation des transports, Bernard Roman, « un certain nombre de constantes » dans les pays européens ayant déjà ouvert leurs lignes régionales au privé : « La part modale du ferroviaire a progressé partout. La qualité de service a progressé partout, l’entreprise historique s’est transformée partout, et l’entreprise historique se porte mieux partout. » En Allemagne par exemple, la Deutsche Bahn n’a gardé que les deux tiers du marché régional 25 ans après son ouverture, mais son activité a augmenté.