Une villageoise archiviste de son idole d’enfance
Pour Martine Saint, Gérard Philipe est beaucoup plus qu’un acteur. « C’est un héros de notre temps, observe-telle. De l’amour fou au cynisme, il fut à l’écran et sur la scène le héros de toutes les passions. »
Année après année, cette Ramatuelloise d’adoption a méticuleusement recueilli, découpé, collé, classé, des coupures de presse d’époque sur son idole.
Un imposant classeur qu’ont pu compulser avec nostalgie les visiteurs de l’exposition consacrée à Gérard Philipe le mois dernier.
« J’ai commencé cet album à l’âge de 13 ans. Comme mes parents voulaient que je me cultive un peu, j’étais inscrite au TNP (1). C’est là que je l’ai découvert un peu par hasard, avant de devenir une véritable admiratrice. Le Cid, Le Prince de Hombourg, Ruy Blas, Les Caprices de Marianne... J’ai tout vu à Paris ! Le rencontrer ensuite l’été, lorsque nous étions en vacances à Ramatuelle, a rajouté de la ferveur », confie-t-elle dans un flot de paroles.
« Vie normale »
Saluer le comédien n’était alors pas chose rare... « Nous le croisions à la plage, chez le boucher, au Café de l’Ormeau, au bal sur la place du village où il dansait avec sa femme... Une fois, je l’ai même vu faire la quête au chapeau pour un musicien. C’était un monsieur très sympathique et joueur ! », se souvient Martine.
« Je l’aime depuis toujours. Il était pour moi la jeunesse. Je pensais qu’il ne mourrait jamais. Aujourd’hui, il ne me reste plus que les brèves images qui racontent son destin fulgurant...». Alors, oui, tout est là, compilé par thématiques sur ses feuilles de collégienne à petits carreaux et annotées d’une fine plume à l’encre bleue.
De ses plus grands rôles à ses pérégrinations en marinière et short dans le golfe de Saint-Tropez, en passant par ses voyages à l’étranger et ses activités de gentlemanfarmer (lire par ailleurs). « Pendant ses vacances, sa joie était de se brûler au soleil, au bord de la mer, en famille. Jamais il n’attira l’attention du public sur sa vie privée. Il prouva qu’un comédien pouvait avoir une vie normale », conclut Martine qui, à 76 ans, entretient toujours la flamme.