Monaco-Matin

Lutter contre le sexisme

Grâce à un dispositif de réalité virtuelle, la start-up Reverto entend sensibilis­er les salariés au sexisme ordinaire en les mettant à la place d’une femme

- LOUISE TEMPIER

Bienvenue dans la peau de Zoé. Comme 70 % des salariés, Zoé est confrontée tous les jours à des situations de sexisme dans son entreprise. Des allusions, blagues et autres piques qui lui rappellent insidieuse­ment son sexe, sa place et son incapacité à briser le plafond de verre. Selon le Conseil supérieur de l’égalité profession­nelle entre les femmes et les hommes, 80 % des salariées considèren­t qu’elles sont régulièrem­ent confrontée­s à des attitudes déplacées ou décisions sexistes et 93 % estiment que ces attitudes peuvent amoindrir leur sentiment d’efficacité. Or, 37% des hommes et 44% des femmes souhaitent que leur entreprise condamne fermement les remarques sexistes et que les managers soient éduqués aux stéréotype­s et aux manifestat­ions sexistes.

Plongeon dans l’empathie

Zoé est ainsi l’avatar de l’expérience immersive en réalité virtuelle créée par la start-up Reverto. « Avec le format à 360°, on est plongé dans l’histoire et on oublie le reste. Il n’y a plus de distance entre nous et l’écran. Des mécanismes d’identifica­tion, d’empathie et de sympathie se mettent en place, » explique Guillaume Clere, fondateur et CEO de Reverto. C’est l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo qui ont changé la vistion du journalist­e reporter d’image. « J’ai commencé à interroger mes soeurs, mes collègues, mes amies proches. Ce qu’elles m’ont raconté m’a abasourdi, et le pire, c’est que je ne m’en étais jamais rendu compte. » C’est ainsi qu’est né Reverto. Une solution en réalité virtuelle de sensibilis­ation et prévention contre le sexisme ordinaire en entreprise.

“Tu es très en beauté aujourd’hui”

Pendant dix minutes (un an dans l’espace-temps du film), chacun incarne Zoé, la trentaine, chef de projet communicat­ion dans une grande entreprise. Une femme, une cible, une victime. Avec elle, on subit questions déplacées et remarques péjorative­s, sans pouvoir réagir. “Zoé vous irez nous chercher des cafés, vous serez gentille”, “Salut ma jolie, ça va ?” ,“Tu es très en beauté aujourd’hui, tu n’aurais pas changé quelque chose ?”

Un module interactif permet ensuite d’échanger avec un expert. « Le but est de donner des clefs et des conseils, raconte Guillaume Clere. Mais aussi de faire réfléchir sur la nature des phénomènes observés : interpella­tions familières, stéréotype­s de compétence­s, ce que dit la loi, ce qu’est la discrimina­tion fondée sur le sexe… »

Un impact émotionnel fort

Il y a aussi un quiz anonyme pour recueillir le ressenti des participan­ts. Les résultats donnent une vue d’ensemble du sentiment de sexisme dans l’entreprise et ces données peuvent être utilisées dans la mise en place d’une stratégie adaptée.

Si on ne combat pas le sexisme ordinaire en une journée, le fondateur assure que « l’expérience crée un impact émotionnel fort capable d’influer sur les comporteme­nts. Car plutôt que d’expliquer les choses, on les vit et on les ressent. Et la prochaine fois qu’on va se confronter à cette situation, le vécu émotionnel va remonter. » Reverto propose deux autres solutions sur le harcèlemen­t sexuel en entreprise et le leadership et les risques psycho-sociaux.

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L’expérience crée un fort impact émotionnel capable d’influer sur les comporteme­nts selon la start-up Reverto. (Photo Unsplash)

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