Inondations : Didier Guillaume au chevet des agriculteurs à Mandelieu
Les souliers vernis se sont un peu tachés, même si la terre a séché. Un peu. Et face au vent frais qui souffle sur la plaine, il a dû renfiler un manteau par-dessus la veste. « J’ai un petit courant d’air », justifie Didier Guillaume, ministre de l’agriculture en tournée sur les exploitations agricoles de la famille Orso. Petites contraintes liées aux obligations de la fonction. Et pourtant. Rien, à côté de cette calamité qui s’est abattu sur ces terres agricoles en résistance, au coeur de la Siagne. En l’absence de Jean-Charles, c’est Manu Orso, accompagné de son père Charles et de nombreux agriculteurs, qui a fait la visite guidée hier après-midi. S’est fait le porte-parole d’une profession qui représente une agriculture à taille humaine, saisonnière, au circuit court et local.
« Nous sommes 34 ha de terres agricoles au milieu de la Siagne, il faut nous permettre de perdurer en zone inondable, plaide celui qui a pu rouvrir le magasin La Campagne, même s’il doit compter sur les « montagnards » pour en assurer l’approvisionnement. Avec nos cultures périurbaines, nous sommes des acteurs d’avenir, mais il faut absolument que nous puissions sauvegarder nos structures en cas d’inondation. » Suivi, parfois escorté par un aréopage d’élus locaux et de fonctionnaires, qui n’hésitent pas à mettre le pas dans une flaque pour suivre la tête du cortège, Didier Guillaume acquiesce. Est à l’écoute. Le voilà sous une serre dévastée, où des mandariniers ont bien du mal à subsister. Puis les pieds dans l’ornière encore boueuse d’un champ de salades devenu champ de mines pour les costumes proprets. On dépasse un amas d’oignons pourris, en pleine déconfiture. Et face à un plan de la zone, c’est le maire de Mandelieu, Sébastien Leroy, qui hameçonne le membre du gouvernement. « En cas d’inondation, ma commune est totalement immergée. Il faut accélérer les procédures nous permettant de réaliser les aménagements nécessaires, car face à l’urgence, nous sommes déjà en retard, alarme l’édile. Et c’est une folie que cette loi SRU, qui nous oblige encore à urbaniser. »
« Des combattants »
Sur ce dernier point, Didier Guillaume ne prendra pas le risque de se mouiller, si on ose écrire.
Mais à l’issue de sa visite, après avoir constaté l’inaptitude d’un canal, le ministre confie : « Dans le Var comme ici, j’ai vu des agriculteurs abattus, mais prêts à se relever car ce sont des combattants. Ce pays doit faire face à tout, la pluie, la sécheresse, et nous, nous devons prendre des mesures pour protéger cette agriculture périurbaine qui va nourrir les métropoles à proximité. »
Et d’évoquer une prochaine loi foncière, un report de cotisations, des aides fiscales et « une réflexion globale » ,sur le sujet. « On va tous se mettre autour de la table pour prendre des mesures concrètes, annonce-t-il. Il n’est pas question que je revienne ici dans un an, et qu’on me dise que rien n’a changé. » Comme un rappel à promesse, la terre a conservé son empreinte, à lui aussi...