Mireille Jourdan-Lichnewsky
Née d’une mère catholique et d’un père juif, Mireille n’a que ans quand elle doit faire l’exode, à pied, pour fuir l’invasion allemande – en . Quinze jours sur les routes pour se retrouver finalement nez à nez avec les troupes ennemies « et n’avoir plus qu’à refaire le chemin en sens inverse ». « Nous n’avions presque rien à manger, rappelait la Mentonnaise d’adoption, en mars dernier, lors de la cérémonie, où la légion d’Honneur lui a été remise. Nous ne pouvions pas nous laver. Nous couchions sur le bord des routes. Nous redoutions les avions qui pilonnaient de bombes et même de grenades. L’une d’entre elles est tombée sur mon pied, elle n’a pas explosé. » De retour à Paris, Mireille et sa famille retrouveront leur logement entièrement pillé. Et la honte viendra s’ajouter à la peur. « Les privations alimentaires, vestimentaires. Sans charbon pour adoucir les hivers glacés. L’étoile jaune. Les squares parisiens avec panneaux “Interdit aux chiens et aux
Juifs”. » Mireille et ses parents réussiront à se cacher mais une vingtaine de membres de sa famille sera déportée. Seuls deux en réchapperont. « Par eux, nous avons appris l’horreur des chambres à gaz et des fours crématoires. Quand on a vécu ça de à ans, on ne peut plus avoir une vie sereine… »
Arrivée à Menton en , Mireille n’a eu de cesse, par la suite, de rencontrer les scolaires pour parler de son histoire. De l’Histoire. « Je ne quitte jamais une classe sans leur demander beaucoup de vigilance pour éradiquer le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et le fascisme qui refont affreusement surface », expliquait-elle.