Monaco-Matin

Brune Poirson : « Une révolution de notre quotidien »

La secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire revient sur son tweet polémique et décrypte ce qui va changer dans nos salles de bains, nos cuisines, etc.

- PROPOS RECUEILLIS PAR GRÉGORY LECLERC

L’interdicti­on des plastiques à usage unique d’ici 2040 vient d’être votée par l’Assemblée nationale : c’est un signal très fort et concret que la France envoie ce soir à ses partenaire­s européens et au reste du monde ! » Ce tweet de Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, le 10 décembre, a déclenché ire et incompréhe­nsion dans l’opinion. 2040, c’est loin... La secrétaire d’État, en opération déminage, se veut pédagogue, sans oublier de faire de la politique.

Regrettez-vous la forme de votre déclaratio­n ?

Effectivem­ent, je pense que je me suis mal fait comprendre. Pour moi c’était une évidence qu’on ne parlait pas des plastiques superflus, ceux-là, on doit les éliminer au plus vite. Et c’est déjà dans la loi.  c’est un point d’arrivée. Je voulais dire qu’on lançait une révolution de notre quotidien, dans nos salles de bains, nos cuisines, nos frigos, même dans les usines qui fabriquent tous ces produits.

C’est-à-dire ?

Dans la loi on propose des outils comme le développem­ent de la consigne pour retourner vers des bouteilles en verre, ou le développem­ent du vrac. Nous proposons également une méthode. Dès janvier je vais réunir des associatio­ns de consommate­urs, des ONG environnem­entales, des élus, des fabricants et on va ensemble corédiger le décret d’applicatio­n de la loi qui va être mis en oeuvre dès le er janvier  pour une période de quatre ans et va fixer des objectifs très ambitieux de réduction des emballages.

On a vu des politiques s’offusquer de votre déclaratio­n. Christian Estrosi s’étonne qu’on continue à tuer la diversité marine, David Lisnard ironise en écrivant «  après Jésus-Christ »…

Ce que propose Christian Estrosi dans sa métropole ce ne sont que des demi-mesures. On ne parle pas de la bouteille d’eau du conseil municipal de M. Estrosi. On parle du sachet de salade, des tubes de crème, du stick à rouge à lèvres. J’ai envie de lui dire, “Monsieur Estrosi, vous qui êtes si ambitieux, pourquoi êtes-vous contre la consigne sur les bouteilles en plastique pour faire renaître le marché de la bouteille en verre que les Français et les Niçois appellent de leurs voeux ?”

Quel est votre planning ?

Dès le er janvier , dans trois semaines, il n’y aura plus de cotons-tiges en plastique, plus d’assiettes en plastique, plus de gobelets en plastique. Au  décembre , il n’y aura plus de pailles, de couverts, de touillette­s, de couvercles de gobelets à emporter, de boîtes de kebab. À partir de , des dispositif­s de vrac seront mis en oeuvre. Les vendeurs seront obligés d’accepter les contenants apportés par le consommate­ur.

On peut faire une liste à la Prévert de tout ce qu’on interdit. Mais je pense qu’il faut un vrai plan pour sortir du plastique et ça se construit avec une méthode.

Tous les cinq ans un plan sera établi avec des objectifs très précis de réduction de mise sur le marché des emballages. En , l’objectif sera atteint, il n’y aura plus d’emballages jetables.

On entend souvent que les industriel­s ne sont pas prêts. Ce problème n’est pourtant pas nouveau. Ne faut-il pas être plus directifs ?

Directifs, nous le sommes. On va obliger les fast-foods à servir des repas dans de la vaisselle non jetable par exemple. On travaille également à mettre en place une consigne sur les bouteilles en plastique.

Il sera interdit en France de distribuer des bouteilles en plastique dans les établissem­ents qui reçoivent du public, dans les entreprise­s, lors d’événements culturels sportifs ou festifs. Une grande réunion est prévue début janvier pour élaborer des solutions concrètes.

Derrière tout cela, il faut trouver des modes de consommati­on différents. Et les entreprise­s doivent trouver d’autres solutions. On va leur demander d’en proposer dès janvier.

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(Photo J.-F. O.) Brune Poirson.

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