Il perd au Casino puis vole une Rolex dans la rue
Les jeux d’argent conduiraient-ils à la pratique de jeux interdits, comme la violence et le vol ? C’est l’exutoire avancé par un trentenaire au cours de sa comparution menottée à l’audience du tribunal correctionnel. Que s’est-il passé le 26 juillet dernier dans ce double jeu de l’amour et du hasard ? L’intéressé a laissé quelque 900 € sur les tapis verts du Casino de Monte-Carlo. Il sort prendre l’air afin d’évacuer le traumatisme psychique de son désargentement et déambule dans le quartier.
Vers 20 h, avenue d’Ostende, il aperçoit une femme, s’approche et échange un sourire. « J’ai pris cette expression comme un encouragement à la suivre », déclare-t-il au tribunal. « Ce n’est pas la version de la victime, rétorque le président Jérôme Fougeras Lavergnolle (*). Dans sa déposition, cette dame explique votre obstination à la suivre jusqu’à son lieu de résidence. Puis votre empressement à lui faire un bisou dans le hall de son immeuble. Vous lui tapez deux fois sur les fesses. Elle vous gifle ! Vous agissez d’une manière étrange. Pourquoi ? »
« J’ai pris une mauvaise direction dans la vie »
L’homme, marié récemment, pensait qu’il intéressait cette femme. « Elle croyait reconnaître une connaissance », ajoute-t-il. Le magistrat durcit le ton : « La plaignante affirme ne vous avoir jamais vu. Avec un sourire, vous vous autorisez à lui emboîter le pas et lui mettre la main aux fesses ! » Le détenu avait anticipé une amourette…
« Vers 23 h 50, on vous retrouve au Larvotto, reprend le président. Vous êtes encore avec une femme et entreprenant. Mais elle ne se laisse pas faire. Expliquez-vous ! » D’après le prévenu, « c’était une prostituée. Elle me demandait 300 €. J’ai abandonné ». Cet artisan plombier bascule ensuite dans le vol.
« Vous vouliez vous refaire ? demande le magistrat.
Un homme ivre mort sort du Twiga. Il a une Rolex au poignet. Vous la dérobez ! » Une étrange réponse parvient du box : « Je ne suis pas un voleur. Quand je lui ai pris le bras, le bracelet s’est ouvert. La montre est tombée. Je l’ai ramassée et je suis parti en voiture. J’ai fait ce qu’il ne fallait pas faire. »
Là aussi, la victime contredira pareils propos dans sa déposition. « Cet individu me tenait par la main, rappelle le président. Je suis tombé au sol. Je n’avais plus ma Rolex et le voleur courait. » Finalement, la montre d’une valeur de 15 000 € a été vendue au Maroc pour la somme de 3 000 €. « J’ai dû rembourser l’argent car cette pièce d’horlogerie était fausse, affirme le détrousseur. C’est la raison pour laquelle vous m’avez retrouvé le 14 septembre… J’ai pris une mauvaise direction dans la vie en fréquentant les casinos dans l’espoir de gagner… »
Six mois de prison
Condamné à plusieurs reprises en France pour vols, stupéfiants, violences avec arme, falsification, le prévenu est vilipendé par la procureure Alexia Brianti. « Le sentiment de sécurité en Principauté a été mis à mal par cet individu avec des agressions physique et psychologique. Les faits sont établis.
De qui se moque-t-il quand il prétend associer sa venue en Principauté au jeu et à la découverte touristique ? Il a injurié le personnel pénitentiaire et bouché sa cellule. C’est loin d’être le prisonnier modèle : huit mois ferme et 1 000 € d’amende. »
Les réquisitions sont sévères pour Me Hervé Campana. Violent, dangereux ? « Né dans un pays très pauvre, mon client a voulu fuir la misère et il s’est retrouvé clandestin en France. Il a reconnu son erreur. Aujourd’hui, il essaie de restituer l’objet volé. L’expert a lié son problème d’argent à l’addiction au jeu. Le laisser en détention après trois mois d’incarcération ne résoudra pas ses travers. »
Condamné à six mois de prison et 1 000 €
d’amende, le prévenu devrait sortir dans quarante-cinq jours après déduction de la détention préventive et des remises de peines. * Assesseurs : Florestan Bellinzona et Geneviève Vallar.