Toulon : trois «gilets jaunes» condamnés
Jusqu’au 5 janvier 2019, à Toulon, les manifestations « gilets jaunes » étaient réputées bon enfant. Aucune force mobile n’était engagée en renfort. Les gaz lacrymogènes restaient rangés. Itinéraire imprévisible et ambiance pacifique. Comment se déclenche un mouvement d’émeute ? Pourquoi un petit nombre de manifestants prend pour cible des policiers, faisant basculer la contestation sociale dans la confrontation physique ? De grandes justifications, il n’y eut guère, lors de l’audience qui a vu trois « gilets jaunes » s’expliquer sur les violences commises ce samedi 5 janvier, vers 13 h 45. Hier matin, le tribunal correctionnel a rendu son délibéré, condamnant trois Varois à 12 mois, 8 mois et 6 mois de prison avec sursis et à indemniser les victimes.
Les policiers étaient cinq pour empêcher l’accès à l’autoroute A50 et au tunnel de Toulon… Cinq face 150 manifestants (sur environ deux mille dans le cortège) qui voulaient continuer d’avancer. Est-ce le sous-effectif policier qui les a enhardis ? Un prévenu évoque « des violences policières », pour justifier son geste. « Une violence policière, c’est un policier qui frappe sans motif. Quand un policier a la mission d’empêcher le blocage de l’autoroute et fait des sommations, le terme “violences policières” n’est pas adapté », tranche d’emblée la présidente du tribunal.
« Une journée de cauchemar »
Un commandant de police est frappé dans le dos, tombe au sol et reçoit une pluie de coups. « Ce jour-là, j’ai fait mon métier. J’ai eu l’impression que j’étais ciblé. Il y avait une grosse agressivité envers moi », explique le commandant Didier Andrieux.
En défense, Me Pascal Zecchini met en doute le récit d’une action policière impeccable. « Le maintien de l’ordre n’a pas bien marché ce jour-là. Venir dire que tout est bien dans le meilleur des mondes, c’est gonflé .» Quelques heures plus tard, à un kilomètre de distance, les conditions d’interpellation de manifestants ont créé une énorme polémique, impliquant ce même commandant. Deux informations judiciaires sont ouvertes pour ces faits.