Retraites : plus de
Au 13e jour d’une grève illimitée à la SNCF comme à la RATP, les salariés du public et du privé sont descendus, hier, en nombre dans la rue. Alors que Edouard Philippe affiche sa totale détermination, des alternatives à l’âge pivot émergent comme le recours aux fonds de réserve
Ce fut une première hier : l’ensemble des syndicats avait lancé un appel à la grève et à la manifestation, y compris les organisations les plus réformistes comme la CFDT, la CFTC, l’Unsa ou les étudiants de la Fage. Résultat : entre 615 000 à 1,8 million de manifestants ont défilé en France pour la troisième journée d’action contre la réforme des retraites, une mobilisation en baisse par rapport au 5 décembre selon le ministère de l’Intérieur mais en hausse pour la CGT.
Le ministère a dénombré 615 000 manifestants sur l’ensemble du pays, contre 806 000 pour la première journée d’action nationale. La CGT a, elle, comptabilisé 1,8 million de personnes ayant battu le pavé hier, soit 300 000 de plus que le 5 décembre, au premier jour du mouvement.
A Paris, le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 76 000 manifestants, contre 65 000 il y a deux semaines. Pour la CGT, la mobilisation parisienne est en revanche en nette hausse (350 000 contre 250 000). Pour cette nouvelle journée d’action, 72 500 personnes ont été par ailleurs recensées dans la capitale par le cabinet Occurence, mandaté par plusieurs médias dont l’Agence
France Presse. Les principaux cortèges ont sans surprise défilé dans les plus grandes villes : ils étaient 20 000 à Marseille, 17 000 à Lyon et Toulouse, 14 000 à Nantes, 13 000 Bordeaux, 11 000 à Lille, 10 500 à Caen et Montpellier, 10 000 à Brest et Rennes.
Quarante-trois personnes interpellées à Paris
A Paris, lors de l’arrivée du cortège place de la Nation, un « black bloc » s’est constitué. Il a été immédiatement dispersé par les forces de l’ordre. Treize personnes ont été interpellées au cours de cette manoeuvre. A 17 h 30, en marge de la manifestation parisienne, la préfecture de police avait procédé à 3 759 contrôles préventifs et trente interpellations.
Cheminots et enseignants toujours mobilisés
Les cheminots et les enseignants étaient toujours mobilisés. A la mijournée, le taux de grévistes à la SNCF atteignait 32,8 %, et jusqu’à 75,8 % parmi les conducteurs. A la mi-journée, la participation à la grève chez les enseignants s’élevait à 24,16 %, d’après le ministère de l’Education nationale.
Des milliers de foyers privés de courant
Selon RTE, près de 50 000 foyers ont été privés de courant en Gironde dans la nuit de lundi à mardi, puis 40 000 foyers à Lyon hier matin. Ces coupures d’électricité « sont bien liées à la grève » et s’inscrivent dans «la bagarre » contre le projet du gouvernement qui doit « prendre ça comme un premier avertissement » car «il s’expose à des coupures plus massives », a déclaré Francis Casanova, délégué syndical central CGT chez RTE. Pourtant, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avait tenu à rassurer les particuliers en fin de matinée : « Les coupures de courant, qui sont le fruit de la grève, sont ciblées. Il peut y avoir à certains endroits des coupures involontaires, mais ceux qui sont ciblés, ce sont les entreprises du CAC40, les grands magasins de distribution, quelques bâtiments publics, quelques préfectures, en aucun cas on ne cible les citoyens .»
Mélenchon (LFI), Faure (PS) et Bayou (EELV) demandent le retrait
Les leaders politiques Jean-Luc Mélenchon (LFI), Olivier Faure (PS) et Julien Bayou (EELV) ont appelé, hier, le gouvernement à retirer sa réforme des retraites en pointant son manque de soutien social et politique ou son effondrement « moral » après la démission de Jean-Paul Delevoye. Les trois hommes ont appelé en marge de la manifestation parisienne à un geste pour les fêtes de Noël, alors que plusieurs responsables de l’exécutif avaient auparavant exhorté les grévistes de la SNCF à une trêve pour les fêtes de fin d’année.
Le er ministre affiche sa « détermination totale »
« Ma détermination, celle du gouvernement, celle de l’ensemble de la majorité est totale, a lancé, hier, Edouard Philippe lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Elle est totale sur la création de ce régime universel et sur la nécessité de faire prévaloir l’équilibre du système futur et la remise à l’équilibre du système actuel. »
Philippe va recevoir les syndicats aujourd’hui
Dans la foulée de la journée de mobilisation, Édouard Philippe recevra les organisations syndicales et patronales représentatives pour des réunions bilatérales cet aprèsmidi, en attendant la nomination d’un successeur à Jean-Paul Delevoye, haut commissaire ayant démissionné lundi.