Agressions sexuelles : le pape François lève le secret pontifical
Le pape François [photo EPA] a fait, hier, un pas de plus dans la lutte contre les agressions sexuelles dans l’Eglise catholique en levant le secret pontifical sur ces délits, tout en maintenant un minimum de confidentialité.
Le pape argentin a fait de la lutte contre le fléau des agressions sexuelles dans l’Eglise catholique une des priorités de son pontificat. L’Eglise est depuis plusieurs années en pleine tourmente avec les révélations successives sur des scandales massifs d’agressions pédophiles commises pendant des décennies par des prêtres ou des religieux et souvent couverts par leur hiérarchie dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis, au Chili ou en Allemagne.
En France, le cardinal Philippe Barbarin est jugé en appel à Lyon (centre-est) pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d’un prêtre du diocèse. Hasard du calendrier ou signal du pape, le même jour où François a décidé la levée du secret pontifical il a également accepté la démission, officiellement pour « limite d’âge », de l’ambassadeur du Vatican en France, Mgr Luigi Ventura, qui fait l’objet d’une enquête pour agressions sexuelles à Paris.
« Primauté de la personne humaine blessée »
Les “instructions” signées par le pape hier ont pour objectif « de préciser le degré de confidentialité avec lequel il faut gérer les informations et les plaintes concernant les agressions sexuelles » commises par des religieux, explique Mgr Juan Ignacio Arrieta, membre du Conseil pontifical pour les textes législatifs, cité dans un communiqué du Vatican. Plus direct, l’ex-président du tribunal de l’Etat de la cité du Vatican, Giuseppe Dalla Torre, affirme que « le pape François abolit le secret pontifical pour les affaires d’agressions sexuelles », selon le même communiqué. Le secret pontifical, également appelé parfois secret du pape, est une règle de confidentialité protégeant les informations sensibles relatives à la gouvernance de l’Église universelle, selon la définition du site Le forum catholique.
« En substance, les raisons qui avaient conduit le législateur ecclésiastique à introduire, parmi les matières sujettes au secret pontifical, les délits les plus graves » comme les agressions sexuelles « cèdent le pas face à des valeurs qui sont considérées aujourd’hui comme plus élevées et dignes d’une protection particulière », comme «la primauté de la personne humaine blessée », ajoute M. Dalla Torre. Même s’il lève le secret pontifical, le pape argentin impose cependant un minimum d’attention, exigeant que « les informations » sur ces affaires soient « traitées de manière à garantir la sécurité, l’intégrité et la confidentialité [...] afin de protéger la bonne réputation, l’image et la vie privée de toutes les personnes concernées ».