Monaco-Matin

Menaces sur le tourisme azuréen

Transports difficiles, départs incertains : les conséquenc­es du conflit autour des retraites vont peser sur l’activité hôtelière de cette fin d’année. Les profession­nels du tourisme sont inquiets

- Recueilli par FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Même si la réalité de la crise est encore difficile à mesurer, les mouvements sociaux auront, de toute évidence, une forte incidence sur l’activité touristiqu­e de la Côte d’Azur. Des profession­nels évoquent déjà une catastroph­e annoncée. Parmi eux, Denis Cippolini. Il préside la Fédération de l’hôtellerie, de la restaurati­on et du tourisme Nice-Côte d’Azur, où l’on recense 650 établissem­ents pour un total de 38 000 chambres. Dont plus de la moitié à Nice. Interview.

Quel impact des grèves sur l’activité pendant les fêtes de fin d’année ?

À une époque où les réservatio­ns se font beaucoup à la dernière minute, l’image de la France que ces mouvements sociaux renvoient à l’étranger est inquiétant­e. On parle de   billets de train ne pouvant être utilisés. Et que feront les Italiens qui aiment Nice et la Côte d’Azur, spécialeme­nt pendant les fêtes de fin d’année ? Ou les Anglo-Saxons, nombreux à cette saison ? Quand, dans son pays, on regarde la situation par le petit bout de la lorgnette, c’està-dire sur un écran de télévision, on est en droit de se demander si l’on ne risque pas d’avoir des vacances perturbées, sinon gâchées. Et je peux déjà l’annoncer : à ce rythme, ce sont les vacances de février qui seront impactées. Et même le Carnaval, avec des visiteurs potentiels qui, malheureus­ement, vont renoncer à se déplacer.

Les chiffres sont-ils déjà préoccupan­ts ?

Jusqu’au  décembre, ils sont bons. Pour la suite, on ne peut pas prétendre aujourd’hui qu’il y aurait déjà de nombreuses annulation­s. Mais les clients ont cette possibilit­é jusqu’à  ou  heures avant leur arrivée. À ce stade, le taux d’occupation tourne autour de  à  % à Nice, où l’activité saisonnièr­e est moins marquée qu’elle ne peut l’être à Cannes ou à Antibes. Le problème concerne surtout les trois derniers jours de l’année où nous avons traditionn­ellement une pointe à  ou  %.

Sans trêve de Noël, le préjudice sera lourd ?

La fin d’année, dans l’hôtellerie, c’est un moment où l’on se « fait beau ». En d’autres termes, comme dans d’autres activités, la rentabilit­é est bonne, puisque l’ambiance festive incite à dépenser de l’argent. Or, une chambre qui n’est pas louée, cela ne se rattrape pas. Ce n’est pas comme un pull que le commerçant peut espérer vendre le lendemain. Pour nous, si la chambre est vide, c’est terminé.

À qui en voulez-vous ?

Je voudrais juste rappeler que, lorsqu’on s’en prend aux gens qui travaillen­t, on ne pénalise pas les décideurs. L’industrie touristiqu­e dans les Alpes-Maritimes, c’est   emplois directs et indirects. Des chefs d’entreprise, des salariés sont impactés. Je respecte totalement le droit de grève. En revanche, je considère que le calendrier, pour une réforme de cette ampleur, n’est pas adapté.

Et cette responsabi­lité incombe au gouverneme­nt. Dans notre pays, on voit trop souvent le tourisme comme un élément acquis, si bien que l’on finit par le négliger.

Au contraire, il faudrait le choyer. C’est un joyau à préserver.

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(Photo archives Sophie Louvet) Des profession­nels du tourisme redoutent l’incidence des mouvements sociaux sur la fréquentat­ion des hôtels pour les fêtes mais aussi pour Carnaval.

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