Menaces sur le tourisme azuréen
Transports difficiles, départs incertains : les conséquences du conflit autour des retraites vont peser sur l’activité hôtelière de cette fin d’année. Les professionnels du tourisme sont inquiets
Même si la réalité de la crise est encore difficile à mesurer, les mouvements sociaux auront, de toute évidence, une forte incidence sur l’activité touristique de la Côte d’Azur. Des professionnels évoquent déjà une catastrophe annoncée. Parmi eux, Denis Cippolini. Il préside la Fédération de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme Nice-Côte d’Azur, où l’on recense 650 établissements pour un total de 38 000 chambres. Dont plus de la moitié à Nice. Interview.
Quel impact des grèves sur l’activité pendant les fêtes de fin d’année ?
À une époque où les réservations se font beaucoup à la dernière minute, l’image de la France que ces mouvements sociaux renvoient à l’étranger est inquiétante. On parle de billets de train ne pouvant être utilisés. Et que feront les Italiens qui aiment Nice et la Côte d’Azur, spécialement pendant les fêtes de fin d’année ? Ou les Anglo-Saxons, nombreux à cette saison ? Quand, dans son pays, on regarde la situation par le petit bout de la lorgnette, c’està-dire sur un écran de télévision, on est en droit de se demander si l’on ne risque pas d’avoir des vacances perturbées, sinon gâchées. Et je peux déjà l’annoncer : à ce rythme, ce sont les vacances de février qui seront impactées. Et même le Carnaval, avec des visiteurs potentiels qui, malheureusement, vont renoncer à se déplacer.
Les chiffres sont-ils déjà préoccupants ?
Jusqu’au décembre, ils sont bons. Pour la suite, on ne peut pas prétendre aujourd’hui qu’il y aurait déjà de nombreuses annulations. Mais les clients ont cette possibilité jusqu’à ou heures avant leur arrivée. À ce stade, le taux d’occupation tourne autour de à % à Nice, où l’activité saisonnière est moins marquée qu’elle ne peut l’être à Cannes ou à Antibes. Le problème concerne surtout les trois derniers jours de l’année où nous avons traditionnellement une pointe à ou %.
Sans trêve de Noël, le préjudice sera lourd ?
La fin d’année, dans l’hôtellerie, c’est un moment où l’on se « fait beau ». En d’autres termes, comme dans d’autres activités, la rentabilité est bonne, puisque l’ambiance festive incite à dépenser de l’argent. Or, une chambre qui n’est pas louée, cela ne se rattrape pas. Ce n’est pas comme un pull que le commerçant peut espérer vendre le lendemain. Pour nous, si la chambre est vide, c’est terminé.
À qui en voulez-vous ?
Je voudrais juste rappeler que, lorsqu’on s’en prend aux gens qui travaillent, on ne pénalise pas les décideurs. L’industrie touristique dans les Alpes-Maritimes, c’est emplois directs et indirects. Des chefs d’entreprise, des salariés sont impactés. Je respecte totalement le droit de grève. En revanche, je considère que le calendrier, pour une réforme de cette ampleur, n’est pas adapté.
Et cette responsabilité incombe au gouvernement. Dans notre pays, on voit trop souvent le tourisme comme un élément acquis, si bien que l’on finit par le négliger.
Au contraire, il faudrait le choyer. C’est un joyau à préserver.