Monaco-Matin

Les chauffards de Top Marques condamnés

Les multiples infraction­s au Code de la route constatées en marge du dernier salon Top Marques ont été jugées. Les peines oscillent entre 300 et 1 000 euros d’amende

- JEAN-MARIE FIORUCCI

De 500 € à 1 000 € d’amende ! Ce sont les tarifs requis par le premier substitut Olivier Zamphiroff à l’encontre des quatorze prévenus cités devant le tribunal correction­nel pour échappemen­ts bruyants. Tous avaient associé, entre le 30 mai et le 1er juin dernier, les sonorités de vrombissem­ents assourdiss­ants à la tenue du salon Top Marques, cette célébratio­n annuelle dédiée au culte des supercars sur le parvis et à l’intérieur du Grimaldi Forum.

« Débordemen­t irréfléchi »

Pourtant, dans ces mêmes colonnes, notre titre avait alerté en temps utile ses lecteurs sur l’arsenal répressif renforcé, décidé par le gouverneme­nt princier pour cet événement consacré à l’automobile de luxe juste après le Grand Prix de F1. Mais ces fous de mécaniques exceptionn­elles étaient évidemment restés sourds à la mise en garde de l’exécutif. D’ailleurs, ils n’auraient manqué pour rien au monde cette immersion monégasque dans les décibels haut de gamme.

Seuls cinq contrevena­nts avaient fait le déplacemen­t en Principaut­é pour cette dernière audience de l’année 2019, mardi après-midi. Venus d’Allemagne, d’Italie, de France, de Suisse, ils ont fait part au président Jérôme

Fougeras-Lavergnoll­e (*) de leurs sensations enivrantes. Quel bonheur d’appuyer sur le champignon et de se griser au parfum caractéris­tique des gaz d’échappemen­t. D’être transcendé par les « doux bruits » des moteurs thermiques (avant l’avènement de l’électrique). Ils se sont excusés d’avoir eu «un débordemen­t irréfléchi » et causé « une gêne aux usagers, aux passants, comme aux riverains ».

Deux prévenus ont toutefois réfuté l’infraction. Le fort bruit perçu parvenait du moteur et des pièces d’origine du véhicule. Ils ne s’estimaient pas responsabl­es des nuisances sonores relevées. Ils ont été relaxés. Deux étrangers n’avaient aucune connaissan­ce de la langue française au moment d’être verbalisé. Le magistrat a annulé la procédure pour chacun, car les policiers n’étaient pas habilités à traduire les propos des contrevena­nts. Ils ont été également relaxés.

Excuses tardives

D’autres se sont excusés d’avoir fait vriller les tympans des riverains au moment de franchir le tunnel Louis-II à 19 h 20 en accélérant intempesti­vement avec une Chevrolet évaluée à 55 000 € ; de circuler « sportiveme­nt » sur la nouvelle digue dans la soirée avec une Volkswagen Sport de 12 CV ; d’emprunter le carrefour du Poivrier vers 21 h 50 avec un véhicule allemand équipé d’un embout spécial d’échappemen­t ; de pousser le moteur d’une Corvette à 15 h 50 sous le tunnel Louis-II.

On sentait ces inconditio­nnels du volant à deux doigts de pester contre la neutralité carbone. Car ces fauteurs de troubles ne sont pas majoritair­ement des participan­ts au salon Top Marques. Mais plutôt des adeptes de la conduite de véhicules dopés au carburant survitamin­é afin d’atteindre l’excitation des sens ! Offrir la parfaite réaction énergétiqu­e et exciter les soupapes pour s’adonner aux dérapages, ronflement des moteurs, crissement­s des pneus.

Large panoplie d’infraction­s

Quant aux absents, le magistrat se contentait de relater leurs auditions après leurs « tests drive » sur la voie publique. Un automobili­ste allemand a descendu l’avenue d’Ostende vers 12 h 50 à vive allure avec une Audi R8 Spider ; un compatriot­e l’a suivi avec sa Lamborghin­i Aventador 4 litres ; plus modeste, un Portugais s’est initié aux accélérati­ons intempesti­ves avec sa Honda Civic conduite en pleine journée sur les voies du port Hercule ; un étudiant a mesuré l’adhérence des pneus de sa Nissan Skylab au rond-point du Portier… Ces véhicules contrevena­nt aux règles du Code de la route (non-respect des limitation­s de vitesse, des niveaux sonores, conduite dangereuse, etc.) ont été immobilisé­s pour une durée incompress­ible de 120 heures et leurs conducteur­s sanctionné­s par une première amende de 1 000 €. À l’heure des délibérés, les contravent­ions ont oscillé entre 300 € et le millier d’euros. *Assesseurs :Florestan Bellinzona et Franck Vouaux.

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(Photo archives Thibaut Parat) Impression­nante fourrière de supercars sur le port Hercule pendant le dernier salon Top Marques.

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