« À l’époque on pouvait se prendre pour un pilote »
Ces dernières heures, des bruits de moteurs et des vidéos illustrant les prouesses de ces bolides sont venus garnir le décor. Mais l’ambiance était déjà là. Ce mardi, d’ailleurs, Valérie Closier n’a pas résisté à l’envie de faire ronronner le moteur d’une Lancia S4 au milieu de congénères parfaitement entretenues ne laissant à peine apparaître les stigmates du rail tutoyé.
Parmi la cinquantaine de bolides, le coup de coeur de la directrice va évidemment pour l’Alpine A110 1600S de Jean-Pierre Nicolas. « J’ai commencé à courir avec mon papa en championnat de France avec une voiture comme ça. C’est un petit crapaud, on est comme dans un petit kart dedans. » Stationnées en épi, les différentes carrosseries témoignent de l’évolution du sport mécanique avec toutefois ces mêmes intérieurs austères propres au rallye. Des habitacles épurés au maximum où les baquets flirtent avec le sol au point de masquer le capot aux copilotes. De puissantes voitures dont la légèreté de la carrosserie étonne toujours à la vue de la tôle vibrante d’un coffre à son ouverture. Quelques vieilles dames parfois capricieuses, aussi, comme celle ornée d’un post-it «Nepasdémarrer fuite d’essence » sur son frein à main. Il faut dire que certaines ont fait un long voyage, notamment depuis la collection privée du champion du monde 1993, le Finlandais Juha Kankkunen.
La bonne vieille Peugeot
La collection ne manque d’ailleurs pas de noms prestigieux. Sébastien Loeb a ainsi prêté sa dernière mouture, en plus de sa « show car » DS3 Abu Dhabi. La Polo de Sébastien Ogier, champion du monde 2016, a été rejointe par une Toyota du nouveau taulier de la discipline, l’Estonien Ott Tänak. Pêle-mêle s’alignent également une Ford Fiesta de Valentino Rossi, la Ford Focus WRC de Carlos Sainz 2002, une 206 WRC 2003 de Marcus Grönholm, une DS3 customisée de Dani Sordo ou encore la Subaru du regretté Richard Burns. Champion du monde 2001, le Britannique s’était évanoui avant le Rallye de Grande-Bretagne 2003 avant qu’on lui décèle une tumeur au cerveau qui lui sera fatale, en 2005, à seulement 34 ans. La malédiction des étoiles de Subaru se poursuivra avec le décès en 2007, à 39 ans, des suites d’un accident d’hélicoptère, du champion du monde 1995 Colin McRae. Un casse-cou funambule dont la Subaru Impreza 555 est restée dans les mémoires. La plus populaire des voitures exposée restant sans conteste la Peugeot 205 Turbo16 Evolution (photo ci-dessus), le modèle abordable qui a fait naître des vocations. « Mon papa m’a appris à conduire sur une 205 GTI sur les cols du Monte-Carl’ », se souvient Valérie Closier.
« À l’époque, ça gagnait et le lundi on allait chez Peugeot et on achetait une GTI, c’était presque la même. On pouvait se prendre pour un pilote. C’est comme ça que Lancia a vendu des Intégrales », ajoute Julien Renzini. La 205, une voiture de compétition qui partageait alors beaucoup d’équipements avec le modèle de série. « Si vous cassiez un phare ou un rétro, vous pouviez en trouver un à 5 euros dans n’importe quelle casse. »