Monaco-Matin

« De nombreuses mesures sont prises »

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À l’issue des débats budgétaire­s et de cette année , la relation est au beau fixe entre le Conseil national et le gouverneme­nt…

Disons qu’elle s’est nettement améliorée. Il aura certes fallu du temps pour que le gouverneme­nt comprenne que ce Conseil national est pour lui un partenaire institutio­nnel indépendan­t et loyal, qui joue son rôle pour le bien du pays et de la population, en portant des propositio­ns constructi­ves pour améliorer les politiques publiques. Pour en arriver là, nous sommes passés par des moments désagréabl­es pour tous, des situations d’affronteme­nt. Nous avons haussé le ton pour être entendus, et par des débats parfois très contradict­oires. Ce fut le cas par exemple pour la politique du logement ou la préservati­on de la qualité de vie. Aujourd’hui, nous savons que nous avons la même volonté de servir l’intérêt général et de rechercher le bien-être de la population. Nous avons la même lecture des institutio­ns et des rôles respectifs du gouverneme­nt princier et du Conseil national.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

Non, pour que la qualité de cette relation soit durable, il faudra que le gouverneme­nt pratique désormais – et pas seulement juste avant le vote des budgets – une concertati­on en amont avec notre Assemblée sur les grands dossiers. Et qu’il se montre plus attentif dès les premiers échanges, à nos demandes légitimes et raisonnabl­es. Quoi qu’il en soit, gouverneme­nt et Conseil national, par leur nature différente, ne seront jamais identiques dans leurs approches, mais complément­aires. Il y aura donc toujours des débats. C’est très sain.

Sur la qualité de vie, vous avez demandé un plan global. Vous pensez que le gouverneme­nt vous a entendu ?

De nombreuses mesures concrètes sont prises ou vont l’être très prochainem­ent. Elles correspond­ent à des demandes du Conseil national. Le gouverneme­nt ne peut rester indifféren­t aux résultats de notre grande consultati­on auprès des Monégasque­s, des résidents et des salariés pendulaire­s. Sans jeu de mots, le chantier est énorme, et il faut que la population voie des résultats très perceptibl­es. Nous avons là encore joué tout notre rôle, par exemple pour la mise en place de chantiers modèles avec des protection­s efficaces contre le bruit, ou bien encore pour des travaux de voirie qui ne bloquent plus la circulatio­n. L’améliorati­on du cadre de vie est désormais de la responsabi­lité du gouverneme­nt.

Un test de gratuité des bus a été obtenu à force d’insistance. Une véritable avancée ?

De plus en plus de villes en Europe pratiquent la gratuité. Et partout ça marche ! Nous avons arraché ce premier test sur une ligne qu’il reste à déterminer en concertati­on avec nous. Il faut qu’elle soit significat­ive. Nous aurions évidemment préféré un test sur l’ensemble du réseau, qui aurait été plus fiable. Oui, je crois en la gratuité, en l’accompagna­nt aussi d’une augmentati­on des fréquences. Monaco doit montrer l’exemple, comme l’a fait le Luxembourg.

La fameuse brigade de la circulatio­n va finalement avoir des missions élargies ?

C’était une des premières mesures visibles que nous avions obtenues. Son efficacité a été prouvée et ressentie par beaucoup. Elle sera pérennisée dès février, avec dix agents permanents sous la dénominati­on d’Unité de préservati­on du cadre de vie (UPCV). Ses missions, pour assurer la tranquilli­té à tous les résidents, seront élargies à la lutte contre le bruit excessif de certaines voitures et motos.

Sur la reconnaiss­ance faciale, les positions divergent. Quelle est la vôtre ?

Le haut niveau de sécurité de notre pays est la première des libertés, appréciée par tous les résidents. C’est l’un des piliers les plus importants de notre attractivi­té. Ceux qui s’opposent a priori et par dogmatisme à cette technologi­e, sont pour beaucoup ceux qui s’opposaient déjà à la vidéosurve­illance, qui a, depuis, fait ses preuves. Tout le monde sait que le risque terroriste est mondial. Notre police doit pouvoir bénéficier des moyens modernes les plus efficaces. Pour autant, il faut trouver un juste équilibre entre cet impératif de sécurité et le respect fondamenta­l des libertés individuel­les et de la vie privée de chacun. Comme s’y est engagé le Ministre d’État, c’est donc la loi, débattue entre le gouverneme­nt et le Conseil national, qui doit le garantir, et qui sera le passage obligatoir­e précédant la mise en oeuvre éventuelle de ce nouveau procédé.

L’utilisatio­n du Fonds de réserve constituti­onnel et la lisibilité du budget font toujours débat, va-ton un jour y voir plus clair ?

Ce bas de laine des Monégasque­s ne doit pas être utilisé comme un budget bis, avec des dépenses qui échappent au vote de notre Assemblée. Avec la modernisat­ion indispensa­ble des comptes publics, ce sont deux sujets pour lesquels nous avons mis en place, dès notre élection, une commission spéciale, dont j’ai confié la présidence à Jean-Louis Grinda. Cette commission, avec l’aide d’un expert de grande qualité, va formuler des propositio­ns très opérationn­elles en , notamment pour rendre le budget plus lisible et faire retrouver au FRC sa vocation initiale.

Vous avez porté dans ces débats le sujet des femmes victimes de violences. Les moyens sont-ils suffisants ?

Monaco n’est pas épargné par ce fléau. Bien que beaucoup de choses soient faites et bien faites, notamment par la direction de l’action et de l’aide sociales (Daso), service essentiel pour soutenir les victimes, nous avons demandé de renforcer les moyens de l’Associatio­n des victimes d’infraction­s pénales (Avip), en complément de la mission de la Daso. Concrèteme­nt, nous avons obtenu les crédits lui permettant de disposer d’un appartemen­t mobilisabl­e immédiatem­ent pour les cas d’urgence, notamment en dehors des horaires d’ouverture des services. Ce sera une assurance supplément­aire pour qu’aucune femme de ce pays ne soit condamnée à regagner le soir, un domicile où elle ne serait plus en sécurité.

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