Monaco-Matin

Quand l’artiste Jean Cocteau faisait corps avec le design

À partir de demain, et jusqu’au 15 juin, le musée du Bastion propose une exposition consacrée aux objets usuels que le virtuose a conçus (ou décorés), en collaborat­ion avec des grands noms

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Ce n’est pas pour rien que Jean Cocteau s’était vu affubler du surnom de « touche-à-tout de génie ». Pour ceux qui en douteraien­t, la nouvelle exposition proposée au Bastion – dès demain, et jusqu’au 15 juin – arrive à point nommé. Car elle démontre que bien avant la plupart de ses contempora­ins, l’artiste avait compris l’intérêt de travailler sur des objets du quotidien. Qu’il s’agisse de les concevoir, ou de les décorer. En axant sur ses accointanc­es avec le design, les équipes du musée Cocteau – collection Séverin Wunderman offre ainsi à voir une autre facette de l’artiste polymorphe. Plus accessible au grand public, probableme­nt. Dans le cadre intime du musée (qu’il avait lui-même décoré), les visiteurs découvriro­nt en effet des tapisserie­s, des marqueteri­es de laine, un tapis, des céramiques, mais aussi des bijoux, des allumettes, des bouteilles de vin ou encore des timbres. Sans que son style ne se dévoie selon la technique adoptée. Les dessins préparatoi­res, placés aux côtés des oeuvres finies, en sont, du reste, la meilleure preuve.

Un reproche devenu génial

« Quelques-uns de ces objets sont insolites. Certains venaient de nos collection­s mais il était difficile de les exposer dans un parcours traditionn­el », souligne Philippe Sottile, médiateur culturel. Précisant que c’est surtout à la fin de sa carrière, quand sa renommée était au zénith, que Cocteau fut sollicité pour divers projets – mode, publicité et autres collaborat­ions. On citera notamment la loupe « OEil d’Horus », encore vendue par Hermès ; le miroir d’Orphée (réalisé à titre posthume) ; ainsi que le chandelier à oeil pour lequel il dut apprivoise­r le verre aux côtés de l’Italien Edigio Costantini. « L’exposition montre jusqu’où allait le génie créatif de Cocteau. Elle conjure un aspect qui lui a fait du tort : on lui reprochait de s’intéresser à des choses secondaire­s. Mais ces domaines auxquels il a accédé grâce à son éternelle jeunesse sont aujourd’hui acceptés comme de l’art », souligne la responsabl­e du musée, Françoise Leonelli. Rappelant que l’un des talents de l’artiste aura été de savoir nouer contact avec d’habiles artisans. « Il faut se dire que ces objets ont véritablem­ent été utilisés – même s’ils ont pris de la valeur maintenant que Cocteau a disparu », ajoute-t-elle. Indiquant que les oeuvres présentées sont pour beaucoup issues de prêts. « Notre collection étant en restaurati­on, il était plus compliqué de monter une exposition. Mais de cette manière, nous pouvons notamment montrer la tapisserie “Méditerran­ée” dont je cherchais le collection­neur depuis longtemps. » Autre contrainte devenue ingéniosit­é : quand les deux composante­s du musée Cocteau ont dû fermer pour travaux, les équipes ont imaginé un musée virtuel. Sur le site Internet du lieu, les visiteurs peuvent ainsi se plonger dans une autre facette de Cocteau : l’affichiste.

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L’exposition offre à voir davantage d’objets usuels, et permet ainsi de découvrir Cocteau différemme­nt.
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