Monaco-Matin

Retraitée dépossédée : un élu condamné à du sursis

Une vieille dame sénile, plutôt aisée, s’est retrouvée sans économies. L’homme, qui l’aidait à se maintenir à domicile, conseiller municipal, a été reconnu coupable hier d’abus de faiblesse

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Jeanine, 94 ans, était heureuse grâce à Jean-Jacques Clément, 64 ans, dont elle était très proche. L’employé de banque à la retraite, conseiller municipal, faisait tout son possible pour la maintenir à domicile. « C’était comme ma seconde maman », a-t-il rappelé à maintes reprises à son procès qui s’est tenu il y a un mois.

Le tribunal correction­nel n’a pas été sensible à cet argument. Terre à terre, il a étudié les mouvements de fonds et a reconnu coupable le prévenu d’abus de faiblesse. Jean-Jacques Clément, qui, pendant le temps du délibéré, a démissionn­é de ses fonctions électives, a été condamné à trois ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve. Sa seule obligation : rembourser la vieille dame qui, aujourd’hui, malgré ses 3 000 euros de revenus mensuels, ne dispose plus des 700 000 euros d’économies qui lui auraient permis de rester dans son appartemen­t au crépuscule de sa vie.

Placée dans un Ehpad du haut pays

Elle est placée aujourd’hui dans un Ehpad du haut pays. Son état de santé s’est encore dégradé.

Le parquet, par la voix de Sandra Verbrugghe­n, avait requis contre le prévenu trois ans de prison, dont 18 mois ferme et cinq ans d’inéligibil­ité.

Me Eric Porteron, l’avocat de Jean-Jacques Clément, se réserve le droit, dans les dix jours de faire appel : « Mon client a toujours clamé son innocence. C’est d’ailleurs lui qui a demandé à la justice de protéger Jeanine. » Le prévenu avait également déposé plainte contre la nièce de la vieille dame qui menaçait de le faire chanter. C’est ce conflit dans l’entourage de la retraitée qui avait alerté le juge des tutelles puis le procureur de la République.. Jean-Jacques Clément est légataire universel de Jeanine depuis 2011.

Il répète qu’il ne pouvait « avoir l’outrecuida­nce de lui interdire de dépenser l’argent comme elle le souhaitait. » Il estime avoir « toujours agi avec honnêteté, intégrité et respect ».

Le procureur lui, s’appuie sur des expertises médicales qui démontrent que, depuis des années, Jeanine était « une personne vulnérable », « atteinte de troubles cognitifs graves ».

Des éléments à charge retenus par le tribunal.

La nièce de la retraitée, coprévenue, qui était en conflit avec Jean-Jacques Clément, a été, elle, relaxée par le tribunal.

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Le tribunal correction­nel n’a pas été sensible aux arguments de Jean-Jacques Clément. (Archive N.-M.)

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