Monaco-Matin

Airbnb remporte une victoire face aux hôteliers Les moyens des maires renforcés par la loi

- TH. P.

La justice européenne a accordé, hier, une victoire à Airbnb face à une organisati­on d’hôteliers français, qui en appelle désormais aux autorités pour réguler la concurrenc­e de la plateforme dans l’Hexagone, son deuxième marché au monde.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a estimé que la plateforme de locations touristiqu­es entre particulie­rs ne pouvait être contrainte à se conformer aux règles de la profession d’agent immobilier, comme le soutenait l’Associatio­n pour un hébergemen­t et un tourisme profession­nel (AhTop) à l’origine de l’affaire. La cour a jugé que l’activité d’Airbnb Ireland, société qui gère les activités de la plateforme en Europe, était un service relevant d’une directive européenne de 2000 sur le commerce électroniq­ue.

L’associatio­n d’hôteliers français avait déposé en 2017 une plainte avec constituti­on de partie civile contre la plateforme. Elle lui reproche de violer les règles françaises applicable­s aux agents immobilier­s (loi Hoguet) qui doivent souscrire une garantie financière et posséder une carte profession­nelle.

La CJUE basée à Luxembourg, interrogée dans le cadre de cette plainte par un juge d’instructio­n parisien, a suivi les conclusion­s de son avocat général.

Elle a jugé qu’Airbnb pouvait contester l’applicatio­n de mesures restreigna­nt la libre prestation de services telles que celles de la loi Hoguet, dans la mesure où cette loi n’avait pas été notifiée par l’Etat français dans les conditions prévues par la directive européenne.

Un « blanc-seing »

« La loi Hoguet n’a donné lieu à notificati­on par la République française ni à la Commission ni à l’Etat membre d’établissem­ent d’Airbnb Ireland, à savoir l’Irlande », a noté la juridictio­n européenne.

Airbnb a salué cette décision. « Nous nous félicitons de ce jugement et voulons aller de l’avant en continuant à travailler avec les villes sur des règles claires qui permettent aux familles et aux communauté­s locales de devenir des acteurs d’un tourisme durable », réagi la plateforme.

L’AhTop a estimé, de son côté, que l’arrêt de la Cour était un « blanc-seing pour Airbnb », et épinglé la directive européenne sur laquelle il se fonde. « Elle fait peser un risque majeur sur les acteurs de l’économie réelle, seuls créateurs d’emplois, qui subissent de plein fouet la concurrenc­e des plateforme­s », déplore l’associatio­n.

Nouvelle affaire jugée

aSon président Serge Cachan a estimé « urgent que le gouverneme­nt fasse entendre sa voix dans les prochains mois pour transforme­r en profondeur les règles de la concurrenc­e dans l’Union européenne ». Il a aussi indiqué qu’il revenait à l’Etat français de « se conformer aux règles européenne­s pour que [les] mesures [de la loi Hoguet] puissent être applicable­s à Airbnb Ireland ». La Cour de justice de l’UE va devoir se prononcer sur une autre affaire intéressan­t Airbnb : elle a été saisie d’un recours contre la loi française qui conditionn­e la mise en location de certains logements sur des plateforme­s à l’obtention d’une autorisati­on préalable de la mairie dans les grandes villes comme Paris. Les conclusion­s de l’avocat général sont attendues en février.

L’Assemblée nationale et le Sénat ont définitive­ment adopté la loi « Engagement et Proximité », destinée à remettre la commune au coeur de la démocratie et à revalorise­r les maires. Sébastien Lecornu, ministre des Collectivi­tés territoria­les, a salué hier « un texte pragmatiqu­e, parti de la vie quotidienn­e des 500 000 élus locaux pour répondre à leurs attentes en matière de libertés locales, de droits et de protection ». Il répond, estime-t-il, à trois sentiments fortement exprimés par les élus : « L’excès des normes et obligation­s, la dépossessi­on de la décision, notamment dans les intercommu­nalités, et un besoin d’accompagne­ment. » Concrèteme­nt, tout en pérennisan­t les intercommu­nalités comme outils pertinents de mutualisat­ion des moyens, le texte assoit la représenta­tivité des communes dans leur gouvernanc­e et ouvre davantage de flexibilit­é dans la répartitio­n des compétence­s. Pour la gestion de l’eau et l’assainisse­ment, vif point de crispation chez les maires, une délégation de compétence­s de l’intercommu­nalité vers les communes a aux activités d’Amazon en France se sont élevés à plus de 250 M€, dont plus de 150 M€ correspond­ent à des prélèvemen­ts directs (impôt sur les sociétés, cotisation­s patronales, ainsi été créée.

La loi va aussi et surtout renforcer le statut des élus locaux : leur protection juridique sera désormais obligatoir­e, prise en charge par l’Etat dans les communes de moins de 3 500 habitants. Les frais de garde des personnes à charge (enfants, personnes handicapée­s…) y seront également assumés par l’Etat, « afin de lever les freins à l’engagement local ».

Revalorisa­tion

Les plafonds des trois premières strates d’indemnités sont par ailleurs augmentés de 50 % entre 0 et 499 habitants, 30 % entre 500 et 999 habitants et 20 % entre 1 000 et 3 499 habitants, un coup de pouce parallèle étant promis à la Dotation particuliè­re pour les élus locaux. Conforméme­nt à leur souhait, les maires disposeron­t enfin de nouveaux pouvoirs de police sur les incivilité­s. Ils auront désormais la possibilit­é de sanctionne­r par des amendes administra­tives et des astreintes « certaines infraction­s simples qui empoisonne­nt la vie de nos concitoyen­s » ,le dépôt sauvage d’encombrant­s en particulie­r.

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La justice européenne a tranché en faveur d’Airbnb. (Photo AFP)

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