Monaco-Matin

« J’avais besoin d’un

Incertain face à Toulouse, Kasper Dolberg nous a accordé sa première interview en France

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Aux Pays-Bas, tu parles d’homme à homme aux arbitres. Ici, tu ne peux même pas leur parler... ’’

Tout est clair avec Kasper. Dans ses yeux, dans sa tête, devant le but. Ce qu’il dit est toujours réfléchi, ce qu’il fait est d’une précision chirurgica­le. Même habillé en civil, le Danois de  ans a du flow. Une heure d’entretien avec Dolberg, c’est rencontrer la grande classe. A l’état pur, en toute humilité. Malheureus­ement le meilleur buteur du Gym s’est blessé mercredi, quelques minutes après notre rencontre. Les examens n’ont révélé aucune fracture au pied hier, mais sa participat­ion pour demain est très incertaine. Au contraire de son talent. La preuve en interview.

Kasper, que pensez-vous de ce début de saison ?

Il aurait pu être meilleur. Il y a eu des hauts et des bas sur les derniers mois. C’est une jeune équipe, certains joueurs ne comptent pas énormément de matchs en L. Ce n’est pas une excuse, plutôt une raison. On est sur la bonne voie. Moi-même j’apprends de mieux en mieux à connaître mes coéquipier­s. L’équipe se construit et sera de mieux en mieux au fil du temps.

Vous avez débuté  matchs avec Ounas et Claude-Maurice. C’est trop peu pour les automatism­es ?

Exactement, ça prend du temps. A Amsterdam, j’ai joué avec les mêmes partenaire­s pendant plusieurs années. Ce n’était pas parfait au début. En s’entraînant et en essayant les combinaiso­ns en match, on s’est de mieux en mieux compris sur le terrain. Quand je fais cette course, il faut que tu donnes le ballon là, ce genre de choses... Ici, j’ai joué avec plusieurs ailiers différents, il y a eu beaucoup de rotations dans le onze de départ.

Vous parlez en anglais avec vos partenaire­s ?

Oui, je dois vraiment apprendre le français ! Heureuseme­nt mes partenaire­s me comprennen­t, même si c’est difficile parfois. Mais si chaque joueur sait ce qu’il a à faire, il n’y a pas besoin de parler la même langue pour se comprendre sur le terrain. Tu peux t’exprimer avec le corps, le visage, sans avoir besoin de parler.

A l’entraîneme­nt, vous exprimez ce que vous attendez de vos partenaire­s ? Avec Ounas par exemple ?

On essaye de le faire, oui. Mieux on se connaîtra, meilleurs on sera.

Adam est un joueur de qualité. Dès le premier match ensemble, j’ai senti qu’on pouvait s’entendre. Il sent bien le jeu, sait quand et comment me donner le ballon selon ma course. Il a un beau pied gauche, je n’ai qu’à faire la bonne course et il me trouvera souvent.

Cinq buts en  apparition­s, c’est un bilan qui vous satisfait ?

Pas vraiment. C’est le début mais je travaille pour faire plus.

Vous n’avez pas eu beaucoup d’occasions non plus...

(Dubitatif) J’aurais pu marquer quelques buts de plus.

A Brest, vous deviez marquer ?

(Direct) Bien sûr ! Je suis sur le terrain pour marquer des buts le plus souvent possible, je dois rester patient et être prêt sur chaque opportunit­é. J’essaie aussi d’aider l’équipe dans d’autres domaines.

Votre meilleure prestation ici ?

(Il réfléchit) Je dirais contre Lille (-, il ouvre le score NDLR) .J’aieu la sensation d’avoir montré tout ce que j’étais capable de faire dans différents secteurs de jeu. Je travaille pour reproduire ce genre de prestation et tout ira bien.

Le joueur le plus costaud au duel ?

(Il réfléchit) Dante est évidemment un costaud, Malang (Sarr) aussi. Il est athlétique, dur sur l’homme, il court vite.

Malang est semble-t-il très proche de vous dans le vestiaire.

C’est vrai. Il parle très bien anglais, c’est plus facile pour moi de lui poser des questions. C’est un garçon intelligen­t, très généreux, un super mec. Je suis assis à-côté de lui dans le vestiaire, c’est très agréable de lui parler. C’est un très bon joueur, très profession­nel, il le montre à chaque entraîneme­nt. Je pense qu’il a montré aussi sur ses derniers matchs qu’il méritait de jouer en équipe première.

Et il n’a que vingt ans...

C’est dur à croire... (sourire)

Le niveau de la Ligue  ?

C’est à peu près ce à quoi je m’attendais : beaucoup de bons joueurs, une dimension athlétique importante, de la vitesse... Un bon championna­t.

Les défenseurs sont costauds...

Exactement. C’est différent du championna­t hollandais, où les défenseurs sont souvent plus petits. Ils sont peut-être un peu plus intelligen­ts qu’ici, mais en France les défenseurs peuvent vraiment te bousculer, tu prends des coups et c’est plus difficile de conserver la balle dos au but. Et les arbitres ? (il hésite, sourire en coin) C’est vraiment différent du football hollandais. Tu ne peux pas parler avec eux ici. Aux Pays-Bas, tu parles d’homme à homme, tu peux demander des explicatio­ns quand une décision semble étrange. Ici, tu prends des jaunes ou alors ils s’en vont sans même te regarder ! Je ne sais pas s’ils ne m’aiment pas ou s’il y a une autre raison mais c’est fou (rires). J’ai compris qu’il ne fallait même plus que j’essaye de leur parler.

Vous êtes pourtant toujours très calme sur un terrain...

Justement, c’est pour ça que je ne comprends pas. Je suis toujours poli. C’est peut-être parce qu’ils ne parlent pas anglais. Ils veulent seulement parler à Dante ! (rires)

Pourquoi avez-vous choisi Nice ?

J’ai parlé avec Julien Fournier avant même que le marché des transferts soit ouvert. Il a été très direct avec moi. Il m’a parlé du projet, de l’entraîneur, je trouvais ça très intéressan­t. J’avais besoin d’un nouveau départ, je suis très heureux que Nice m’ait offert cette opportunit­é. Toutes les discussion­s que j’ai eues ici m’ont fait sentir le bienvenu. On me voulait vraiment, c’est très important. J’avais d’autres offres mais ici, c’était le meilleur projet.

C’est votre deuxième expérience à l’étranger. La différence avec les Pays-Bas ?

Je considère que c’est la première fois que je change de club en tant que profession­nel. Je suis arrivé à l’Ajax à  ans, j’ai joué une saison chez les jeunes avant d’être lancé chez les pros, je faisais partie du club en quelque sorte. Puis les Pays-Bas ressemblen­t beaucoup au Danemark, il y avait très peu de différence­s auxquelles s’adapter. Ici c’est beaucoup plus difficile, je ne parle pas français et les gens ne parlent pas beaucoup anglais. Pour moi, c’est mon premier vrai départ à l’étranger.

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