Monaco-Matin

Monaco - Lille : la ‘‘der’’ de Jardim ?

La réception de Lille, déjà vainqueur mardi soir au Louis-II en Coupe de la Ligue (0-3), pourrait être le dernier match de Leonardo Jardim sur le banc de l’ASM moins d’un an après son retour

- MATHIEU FAURE (AVEC FAB. P.)

Dans la Rome antique, la plèbe avait dans l’inclinaiso­n de ses pouces le sort d’un gladiateur. La mort ou la vie. Leonardo Jardim a cette chance d’être un contempora­in et de ne pas jouer sa survie physique sur un match de football, juste son avenir profession­nel immédiat. Mardi soir, dans le silence de Louis-II, de nombreuses voix se sont élevées et appelaient toutes à un départ du coach portugais. Que ce soit les latérales ou le virage des UM94, l’union sacrée était là et se poursuit depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, nouvelle agora moderne où les avis s’entrechoqu­ent sans la moindre retenue. La tendance de cette fin d’année est simple : #JARDIMOUT. Mardi, la vindicte était si spontanée et visible que certains joueurs du banc de touche de l’ASM ont demandé à des membres du staff de traduire la colère qui émanait du Louis-II.

Les regards focalisés... sur l’après-match

La réception de Lille, ce soir, pour le dernier match de l’année 2019 va permettre de mesurer à quel point la cote de popularité de Leonardo Jardim auprès du public monégasque s’est effondrée.

Un postulat qui a beaucoup fait réfléchir les dirigeants monégasque­s, déjà désappoint­és par les résultats sportifs de cette première partie de saison, et qui les a mis devant une évidence : quelque chose s’est cassé. Entre les joueurs et le coach, déjà. Mais entre le public et Jardim surtout. Comment envisager poursuivre un mariage quand l’amour n’existe plus ? « On ne peut pas continuer ainsi », confessait encore hier un membre du club. Une prise de parole publique doit avoir lieu après le match de ce soir, sans doute par Oleg Petrov. Pour annoncer la fin de l’ère Jardim et ce, peu importe le résultat du soir ? Possible. Depuis plusieurs jours, la direction monégasque réfléchit, parle, envisage beaucoup de choses, notamment en avançant ses pions pour la succession de Jardim. La piste Marcelino, entraîneur espagnol limogé de Valence en septembre, serait la plus chaude (voir ci-contre). Ce n’est pas la première fois que les boss asémistes envisagent un nouveau coach. Après le début de saison raté, Luciano Spalletti et Claude Puel avaient été approchés au début de l’automne mais Jardim avait remporté les matches qu’il fallait pour s’octroyer du temps. Trois mois plus tard, force est de constater que le temps n’a pas cicatrisé les blessures. Les progrès ne sont pas visibles, le retard est toujours conséquent et il ne se dégage pas de ce groupe une franche camaraderi­e ni même une envie de se « mettre le cul par terre » pour le coach dont la portée du discours auprès de ses troupes laisse songeur. Monaco envisage donc sérieuseme­nt l’idée de se séparer une nouvelle fois de Leonardo Jardim dix mois après l’avoir rappelé à la maison... Mais tout reste suspendu au « final cut » Dmitry Rybolovlev, qui avait en personne rappelé Jardim en janvier estimant que s’en séparer en octobre 2018 avait été prématuré. Mettre fin, une nouvelle fois avec un chèque conséquent à la clé, au bail de Jardim serait un terrible aveu d’échec. Mais s’entêter dans cette direction semble être une décision bien plus délicate à assumer...

Jardim, seul coupable ?

Leonardo Jardim connaît la chanson, lui qui a déjà été dans cette situation en octobre 2018. Cette semaine, il a d’ailleurs pris tout ça avec une certaine distance et un relâchemen­t assez étonnant. Quand vous êtes adossé à un parachute doré, le deuxième en moins de 18 mois, vous avez aussi de quoi être assez zen. Le métier d’entraîneur est particulie­r, l’un des rares où vous touchez un pactole quand votre travail est jugé de manière négative. C’est le football. Le départ du Portugais apaisera sans doute la colère des supporters mais ne réglera pas tous les soucis du club. De son organigram­me atypique et pas forcément fonctionne­l, à sa manière d’exister publiqueme­nt en passant par son recrutemen­t, Monaco traverse une crise structurel­le permanente depuis 2017. À cette époque, Champion de France et demi-finaliste de la C1, Monaco était (re) devenu un club qui compte et dont le travail était loué par tous. Deux ans plus tard, que reste-t-il ? Se poser la question c’est y répondre. Pour la majorité des supporters de l’ASM, la réception de Lille n’a qu’un seul et unique intérêt : observer avec délectatio­n la chute de Leonardo Jardim.

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(Photo Jean-François Ottonello) Leonardo Jardim sur le banc de l’ASM, une image bientôt collector ?
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