Aéroport : les coulisses de la gestion de crise météo
Trois heures en « taux zéro », 25 % des vols annulés, d’importants retards : l’aéroport a connu une situation « exceptionnelle » hier. Explications et immersion
Retour du soleil et de la normale, ce samedi à l’aéroport Nice Côte d’Azur. Un détail toutefois : des vols supplémentaires sont attendus pour récupérer une partie des passagers restés à quai hier. La faute à l’épisode météo qui a provoqué « une situation exceptionnelle ». Décryptage.
Rare « taux zéro »
35 vols sur 139 annulés aux arrivées, 34 au départ. Soit 25 % d’annulations à la veille des congés de Noël. À ce tableau teinté de rouge s’ajoutent trois vols déroutés vers Marseille et Montpellier, et de nombreux retards, pouvant atteindre six heures. Fait rarissime : de 13 h 30 à 16 h 30, l’aéroport Nice Côte d’Azur est passé en « taux zéro ». Plus aucun vol n’était alors autorisé à décoller à destination de Nice. Autrement dit, « on ferme le robinet », résume Isabelle Baumelle, directrice de permanence de l’aéroport. Cela n’a pas empêché les avions en approche de tenter d’atterrir. Les décollages, eux, se sont poursuivis... tant que les avions arrivaient à Nice.
Cocktail détonant
Cette pagaille a pour origine un cocktail détonant : une mauvaise visibilité alors que l’approche s’effectuait par la baie des Anges, des vents très forts (on a recensé des rafales de 40 noeuds) et des coups de mer qui ont obligé à fermer la piste sud. La direction avait pourtant pris soin de la rouvrir dès jeudi, suspendant les travaux de maintenance pour limiter l’impact des intempéries.
Réaction collective
Hier, pendant que les voyageurs en rade font chauffer portables et méninges, on s’active ferme en coulisses. Au terminal 1, à 13 h 30 puis 17 h, tous les protagonistes passent en mode cellule de crise CDM (pour « collaborative decision making »). Aéroport, contrôleurs aériens, Météo France, compagnies, partenaires sont réunis par téléphone. Ensemble, ils évaluent l’état de la météo, l’impact sur le trafic, etc. Et les solutions à envisager. Nice-Matin a pu suivre ce débriefing collectif, décisif pour la prise en charge des voyageurs. Dans la pièce voisine, le poste de contrôle d’exploitation centralise toutes les infos : c’est le coeur du réacteur.
En première ligne
Avec 11 vols annulés, easyJet a été la compagnie la plus impactée. Parce qu’elle est la plus implantée à Nice. Parce qu’elle a une flotte moins fournie qu’Air France. Parce que ses avions passent moins de temps sur le tarmac. Mais aussi du fait de son réseau « en étoile » : ses avions reliant plusieurs destinations successives, un retard prolongé peut entraîner une annulation pure et simple. Ce fut le cas hier.
Problème : « EasyJet n’aura pas les moyens de rerouter les passagers, tous ses vols étant complets jusqu’à Noël », explique Isabelle Baumelle, qui pilote les opérations et le développement des compagnies. D’où l’urgence d’offrir des solutions aux naufragés du ciel. Là encore, l’aéroport a son mot à dire.
Bénévoles en renfort
« En tant que gestionnaire, notre rôle est d’apporter un maximum d’aide à nos passagers », insiste-t-elle. Jouant les coordinateurs, l’aéroport a incité easyJet à mobiliser des cars Transdev pour acheminer certains passagers vers Toulouse et Genève. Ses équipes ont aussi facilité le lien avec les hôtels ou les agences de location. Mais cela ne suffisait pas encore : les files d’attente s’allongeaient aux terminaux 1 et 2. L’aéroport a fait appel à ses « volontaires de crise ». Ces personnels administratifs ont enfilé leurs gilets jaunes pour orienter les naufragés du ciel. Bénévolement. Mais avec le coeur, comme en témoigne l’un d’eux, Rémi Andarelli : « Le fait de parler aux voyageurs, ça les rassure et ça les calme. »