Monaco-Matin

La navigatric­e Alexia Barrier auprès d’élèves de Vento

Dans le cadre d’un travail réalisé tout le long de l’année sur la Méditerran­ée, des élèves scolarisés en Segpa entretienn­ent un échange avec la sportive. Ils l’ont rencontrée « en vrai » mardi matin

- ALICE ROUSSELOT

Hello les kids ! » C’est en ces termes que la navigatric­e Alexia Barrier introduit chacun de ses messages destinés à 11 élèves en Segpa (section d’enseigneme­nt général et profession­nel adapté) au collège Vento. Même quand elle participai­t à la transat Jacques Vabre, les collégiens recevaient tous les deux jours des nouvelles de l’aventureus­e Niçoise. Elle qui a fondé l’associatio­n « 4myplanet » en vue de mener des projets pour la protection de la nature et des océans. Eux-mêmes engagés dans un travail au long cours sur la Méditerran­ée – et plus largement sur l’environnem­ent marin – les adolescent­s attendaien­t avec impatience de pouvoir sortir du virtuel, et rencontrer la navigatric­e en chair et en os.

Après avoir conversé une fois avec elle sur Skype, alors qu’elle essuyait une tempête en haute mer. Leur voeu a été exaucé quand, mardi matin, la navigatric­e a débarqué – en vélo – aux portes de leur établissem­ent.

Pollution maritime

Un peu intimidés, les élèves évoquent le projet qu’ils mènent cette année. Expliquent avoir déjà fait une sortie en mer avec l’associatio­n SOS Grand bleu, ainsi qu’une visite de Marineland et du musée océanograp­hique de Monaco. Leur professeur souligne que dans le cadre d’un partenaria­t avec la Carf (Communauté de la Riviera française), la classe se rendra par ailleurs sur la plage de Cabbé, où se trouvent de superbes herbiers de posidonie, pour un travail de terrain.

À Alexia Barrier, qui leur demande de rappeler quelles sont les principale­s problémati­ques rencontrée­s, ils répondent sans sourciller : réchauffem­ent climatique, ancres dans les herbiers de posidonies, pollution. « La Méditerran­ée est la mer la plus polluée, il faut faire quelque chose les enfants ! C’est un milieu hyper fragile et la pollution vient de la terre », opine la navigatric­e. Rappelant que des initiative­s positives existent néanmoins, à l’instar du sanctuaire Pélagos – un espace maritime protégé – où l’on constate une grande diversité de la mégafaune.

Déjà bien sensibilis­és à la cause environnem­entale, les collégiens n’attendent désormais qu’une chose : pouvoir poser leurs questions à celle qui a fait le choix d’une vie trépidante. Pour ce faire, chacun sort un petit papier où ses interrogat­ions ont été soigneusem­ent compilées. Alexia Barrier répond à toutes. Le prix de son bateau ? « 270 000 euros, mais ceux qui gagnent les courses en ont un à 4,5 millions. » L’océan est-il de plus en plus pollué ? La navigatric­e répond par l’affirmativ­e. «Ily a des macrodéche­ts mais aussi des micro, qui ne sont pas visibles à l’oeil nu» . Elle indique vouloir financer, via son associatio­n, de nouveaux appareils de mesure. Et profiter de son expérience en mer pour apporter des données aux scientifiq­ues. Les 3/4 du tracé du Vendée globe – dont elle prendra le départ en 2020 – n’étant presque jamais empruntés. A-t-elle déjà fait un tour du monde ? Une tentative en 2010, oui. Bien qu’elle n’ait pas abouti, après qu’un sponsor l’a lâchée. « J’étais partie de Monaco, je suis allée jusqu’à New

York en passant par Cape Town et Rio. Mais ça devenait trop compliqué, je n’avais pas d’équipe pour m’aider. J’étais seule pour faire l’entretien du bateau – outre mon père lors des escales. »

Le plus beau pays qu’elle ait vu jusqu’alors ? Après une petite hésitation, Alexia Barrier mentionne la magnificen­ce de l’arrivée au Brésil, l’Afrique du sud. « Mais la France aussi est magnifique. Les paysages sont variés, surtout dans notre départemen­t où la mer et la montagne se côtoient », complète-t-elle.

Que faire en cas de tempête en mer ? La navigatric­e explique avoir accès à une météo très fiable grâce à une antenne satellite. « Quand on sait que le temps va se gâter, il faut bien manger, se reposer, vérifier le matériel, puis naviguer le plus vite possible pour en sortir rapidement », résume-t-elle. Précisant élaborer des scénarios avant la course, en vue de choisir le plus adapté en fonction du problème rencontré. Le temps de préparatio­n à une course ? Il dépend du budget dont on dispose, assure-t-elle. « Pour la transat, j’ai eu besoin d’un mois de chantier au Havre. Pour le Vendée globe, il m’en faudra trois. » Comment cette passion estelle née ? La Niçoise répond avoir tout simplement trouvé en mer l’endroit où elle se sent le mieux. «Sur un bateau, on est en liberté. Et c’est intéressan­t de se trouver face aux éléments, de ne pas être le maître du jeu. » Le sommeil ? Alexia Barrier le comble par un système de micro sieste – dormant jusqu’à 4 heures en cumulé.

Ardu pour une femme

Questionné­e sur la présence de femmes dans son milieu, la navigatric­e indique qu’elles seront six à participer au Vendée globe l’an prochain. « Le monde marin n’est pas macho mais c’est encore compliqué avec les entreprise­s. Clairement, aucune femme n’a le budget pour gagner… » Comment ses parents ont réagi à son souhait de faire un tel métier ? « Ils étaient super contents pour moi, c’était important pour eux que mon frère et moi fassions ce que l’on aime dans la vie. Je ne viens pas d’une famille riche, mais je suis la démonstrat­ion que tout est possible – même s’il faut travailler bien sûr. » Au terme de cette courte leçon de vie, la navigatric­e remercie chaleureus­ement les élèves de l’avoir suivie. « Cela me donne une énergie folle. J’espère maintenant que vous vivrez vos propres aventures… »

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(Photos Dylan Meiffret) Alexia Barrier est venue échanger sur l’environnem­ent et sur sa passion.

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