Monaco-Matin

Le coeur et la raison

- Reporter edito@nicematin.fr

« La France de Blum et Thorez n’est pas si antagonist­e de celle de Pompidou ou Sarkozy. »

Chimère, leurre, posture tactique ou… réponse idoine à une attente d’apaisement de la société ? On saura en , pas avant, si le macronisme est plus qu’une baraka, qu’un fugitif accroc dans l’éternel clivage gauche-droite. L’issue de la réforme des retraites, déclinaiso­n millimétré­e du fameux « en même temps », pèsera évidemment lourd dans le jugement porté sur le dépassemen­t des lignes. Pour l’heure, le paysage politique apparaît trop brouillé, trop convulsif encore, pour tirer la moindre conclusion. Certes, Emmanuel Macron a figé les opposition­s réputées constructi­ves. La droite peine à faire entendre sa différence, s’échinant à expliquer qu’elle ferait autrement tout en étant, grosso modo, en phase avec le gouverneme­nt. Les socialiste­s, eux, ont quasiment disparu des radars. Rejetés par le monde ouvrier d’un côté, cannibalis­és par le social-libéralism­e du moment de l’autre. Le pays pourrait-il dès lors, après d’autres en Europe, basculer vers une radicalité de droite ou

de gauche ? Il est de bonne guerre, pour les intéressés

comme pour le pouvoir, d’en laisser poindre la perspectiv­e. Pas sûr, loin de là, que la France s’inscrive dans une telle aventure. Les écolos eux-mêmes risquent de s’apercevoir, assez vite, qu’avoir eu raison avant les autres ne vaut pas blanc-seing électoral. Le Français goûte la symbolique des révolution­s. Il aime, de-ci de-là, s’encanaille­r et rêver au grand soir. Il exalte le progrès social mais, cartésien, conserve un sens aigu de la modération. Au pays du bon sens érigé en vertu, la conquête sociale, finalement, a toujours cohabité avec une lucidité réfléchie. Images en boucle et vociférati­ons déforment, aujourd’hui, une mobilisati­on modeste qui n’implique qu’une minorité. La France des congés payés, celle de Blum et Thorez, n’est pas si antagonist­e de celle de Pompidou ou Sarkozy, ni d’un capitalism­e consenti du moment qu’il est tenu d’une laisse raisonnabl­ement courte. Cette inspiratio­n gaulliste de Macron garde sa pertinence. Elle patrie prend où l’on le pouls, vénère entrechoqu­é Ferrat tout en mais chantant à l’unisson, Sardou. d’une

A dire vrai, tout autant que de lignes idéologiqu­es, la présidenti­elle de  sera une affaire de caractères, de personnali­tés auxquelles les Français adhéreront plus ou moins, dans un élan toujours plus charnel que politisé.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco