Monaco-Matin

L’Allemagne adopte son ambitieux « plan climat »

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Le Parlement allemand a voté hier sa loi climat, un engagement majeur de la coalition d’Angela Merkel pour accélérer la réduction des émissions polluantes, en s’attaquant aussi bien aux transports qu’au logement et à l’agricultur­e. Négocié pendant des mois, critiqué par les défenseurs de l’environnem­ent comme par les lobbies industriel­s, ce texte a été adopté en fin de matinée par le Bundesrat, la chambre haute du Parlement, après un ultime compromis avec les députés du Bundestag. Concrèteme­nt, il s’agit de diminuer de 55 % les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990, un chantier colossal pour un pays assuré depuis des années de manquer ses objectifs pour 2020. La première économie européenne, malgré son image « verte » à l’étranger, pâtit notamment de son recours aux centrales à charbon, mais aussi de son appétit pour les grosses berlines encouragé par sa puissante industrie automobile.

 milliards d’euros d’ici à 

La loi doit entrer en vigueur début janvier et se traduira par une baisse immédiate des taxes sur les billets de train longue distance, ainsi que par une incitation fiscale à l’isolation des bâtiments et diverses subvention­s pour les véhicules électrique­s. D’autres mesures s’y ajouteront dans les prochaines années et, au total, le gouverneme­nt promet de dépenser 54 milliards d’euros d’ici à 2023, tout en accélérant ses investisse­ments d’ici à 2030 pour la rénovation du réseau ferré. Principale ambition de l’attelage gouverneme­ntal formé dans la douleur par les conservate­urs et les sociaux-démocrates début 2018, ce projet de loi a été présenté fin septembre, puis de nouveau modifié à l’occasion des navettes parlementa­ires. Le principal changement arraché par le Bundesrat, qui représente les Etats régionaux, concerne l’introducti­on en 2021 d’un prix national de la tonne de carbone : ces quotas de CO2 s’échangeron­t finalement à 25 euros au minimum, contre un prix initial de 10 euros. « C’est trop peu, trop lent, trop tardif », ont déploré dans un communiqué les chercheurs de « Scientists for Future », estimant notamment que le prix du CO2 demeure « trop faible » pour inciter ménages et industriel­s à modifier leurs comporteme­nts. Cette question est depuis le départ, la plus débattue : la plupart des experts prônaient une « taxe carbone » mais les partis y ont renoncé, redoutant l’impopulari­té d’un tel impôt et l’émergence possible de « gilets jaunes » à l’allemande.

L’adieu au charbon

À la place, ils créent un système destiné à compléter le marché européen du carbone, qui ne concerne que l’industrie lourde et l’énergie. À partir de 2021, ce quota allemand devrait augmenter les prix du carburant de sept à huit centimes par litre. En contrepart­ie, les recettes tirées de ces hausses de prix doivent financer une baisse de la taxe de soutien aux énergies renouvelab­les payée par les contribuab­les allemands - un point sensible dans un pays où l’électricit­é est chère.

Le point le plus délicat va être d’abandonner le charbon, comme s’y est engagé le gouverneme­nt, à l’horizon 2038, alors que cette énergie bon marché représente encore plus du tiers de sa consommati­on d’électricit­é. Or l’Allemagne doit aussi achever d’ici à 2022 la sortie du nucléaire.

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(Photo d’illustrati­on AFP) L’Allemagne va devoir simultaném­ent sortir du charbon et du nucléaire.

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