Monaco-Matin

« Si je ne suis pas Russe, je suis qui ? »

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A l’US Open, Nadal semble vous regarder lors de la remise des prix en se disant que vous allez être un souci pour le futur... Avez-vous eu le sentiment de vous imposer au milieu du top?

Oui et non car au final ils sont toujours devant. Rafael (Nadal) et Novak (Djokovic) ont remporté tous les “Grand Chelem” donc c’est difficile de dire que je me suis imposé. Mais j’ai bien joué contre eux. Je vais faire le max pour les déranger. Ils ont croisé la route de tellement de joueurs forts, pas seulement moi, que je ne pense pas qu’ils soient inquiets. Pendant deux ou trois génération­s ils ont gêné tout le monde. Je ne suis pas le premier à les déranger mais je ne pense vraiment pas qu’ils soient trop inquiets.

Votre progressio­n est exceptionn­elle de la e à la e place en  ans. En regardant derrière vous, n’avez-vous pas le vertige ?

Honnêtemen­t, je ne regarde que devant.

Je n’ai pas de raison de me tourner sur le passé. J’emmagasine l’expérience, bonne ou mauvaise mais le but, c’est l’avenir.

Je peux toujours reproduire les erreurs du passé aujourd’hui, mais je le fais beaucoup moins.

L’après Nadal-Federer, c’est Tsitsipas - Medvedev ?

Je pense que ça peut être un bon duel à regarder (rire). Ce sera un duel dans la presse aussi parfois. Entre nous deux, l’histoire n’a pas bien débuté (sourire), mais c’est bien pour les gens de voir ça (les deux joueurs ont failli en venir aux mains après un match, ndlr). Les gens du marketing se régalent. C’est la vie. Pour

‘‘ ce qui est de la relève, on disait que personne n’allait remplacer Sampras et ses  “Grand Chelem”... puis, il y a eu cette génération fabuleuse avec Federer ( titres), Nadal () et Djokovic () qui l’ont tous battu. On doit faire quoi nous ? (rires). On ne peut pas trop prédire l’avenir, peut-être que nous n’arriverons pas à faire mieux. Il faut peut-être calmer les fans là-dessus (rires). Le tout c’est de bien jouer au tennis et prendre du plaisir.

Vous semblez avoir pris de l’avance sur la nouvelle génération Zverev ou Tsitsipas. Est-ce important ? Honnêtemen­t oui, mais ce n’est pas vis-à-vis d’eux mais de moi. Je me prouve que je suis capable de faire de grandes choses quand je joue bien. Il faut reproduire ça. Mais je ne peux pas dire que je suis content vis-à-vis de la NextGen . Je suis content pour moi.

Cette année vous avez joué  finales d’affilée. Parlez-nous de ce sentiment ?

C’était incroyable. Mais on se focalise sur le prochain match. Dès qu’on gagne le tournoi, on passe à autre chose. On ne s’arrête jamais, on prend l’avion, on récupère et on repart au combat. On n’a même pas le temps de regarder

‘‘

On a tous les deux pris le même ascenseur pour aller au top.

Et ça, c’est important ! ”

Je sentais que le mec en face voulait me faire encore plus mal qu’avant ”

derrière. C’est magnifique, mais je regarde déjà .

Vous êtes-vous déjà senti intouchabl­e sur un court ?

Non pas du tout. Jamais. J’avais peut-être la sensation de devoir faire moins d’effort qu’avant pour gagner le match. Mais j’ai connu plus de situations compliquée­s avec des balles de set ou de break contre moi. Je devais m’accrocher sur chaque point car je sentais aussi que le mec en face voulait me faire encore plus mal qu’avant.

Pour vous, conquérir le public est-il aussi important qu’une victoire ?

Ce n’est pas le plus important mais j’essaye de rester moi-même sans tricher. Si le public est avec moi, et ça s’est passé beaucoup de fois cette saison, ça me donne beaucoup d’énergie. S’il est contre moi, je pense à ce que je pourrais améliorer.

La Russie est jusqu’ici

suspendue des compétitio­ns internatio­nales en raison du scandale de dopage... Vous risquez de devoir aller aux JO de Tokyo sans pouvoir conquérir pour votre pays.

Qu’en pensez-vous ?

C’est une question difficile. Si j’y vais, je n’aurai pas le drapeau de la Russie avec moi. Il y a des raisons et des arbitrages qui ont poussé à cette décision, je le comprends... Ça peut changer. Mais sur le plan personnel, j’habite à Monaco et j’ai fait des tests antidopage partout dans le monde et dans une vingtaine d’agences antidopage différente­s, et là, je vais aux JO et d’un coup je ne suis pas Russe ? Je crois que je ne pourrais même pas mentionner le nom de mon pays dans des interviews.

Je n’ai pas mérité ça.

Si je ne suis pas Russe, je suis qui ? C’est assez étrange, mais je ne suis pas assez dans la politique pour répondre à ces questions.

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