Monaco-Matin

Drôle de soirée

- MATHIEU FAURE

Alors que son équipe a livré l’un des matches les plus aboutis cette saison, son avenir à la tête de l’équipe n’est pas garanti.

Est-ce que Leonardo Jardim a sauvé sa tête avec cette victoire sur Lille ? Le coach portugais ne peut le dire après avoir écrasé le LOSC de son ami Christophe Galtier, son match le plus abouti depuis un moment. Hier, il a quitté le stade le sourire aux lèvres, souhaitant « Bon Noël » à tous les présents. Quelques instants auparavant, le Portugais ne savait pas « s’il serait toujours l’entraîneur de l’ASM en 2020 ». Alors qu’il détaille être une « personne directe, qui dit ce qu’il a à dire », il n’a jamais demandé à ses dirigeants s’ils comptaient toujours sur lui. Etonnant. Oleg Petrov, qui a pris la parole brièvement en zone mixte en fin de soirée, a d’ailleurs entretenu le flou : «Ona commencé la saison en bas de tableau, nous sommes septièmes aujourd’hui. Cette position ne reflète pas vraiment notre ambition et la qualité technique de cette équipe, nous devons faire mieux ». Une manière de pointer son mécontente­ment sans pour autant sacrifier Jardim officielle­ment. Mais la porte est entrouvert­e pour tout. Le statu quo ou la révolution de Palais. La vérité d’hier soir sera-t-elle la même demain alors que Leonardo Jardim a pris la route de Madère pour y fêter Noël ? Ni confirmé, ni sacrifié, mais fragilisé après un match abouti. Voilà la situation ubuesque dans laquelle l’institutio­n monégasque s’est mise, toute seule, comme une grande.

Petrov et Jardim se sont évités

Avant la rencontre, les carottes semblaient pourtant cuites. Oleg Petrov et l’état-major monégasque avaient multiplié les rendez-vous depuis 15 jours pour tourner la page Jardim. Un entraîneur sacré champion de France en 2017, quart puis demifinali­ste de Ligue des Champions, sifflé hier par le kop monégasque. Un virage qui, malgré le score acquis à l’ASM, a continué de chanter « Jardim démission ». L’entraîneur portugais n’a pas eu de contact avec ses dirigeants depuis lundi, c’était avant l’éliminatio­n en Coupe de la Ligue contre Lille.

Hier, Petrov et Jardim se sont évités. La défaite de mardi avait exaspéré Oleg Petrov, parti furieux du stade Louis-II. Une prestation qui avait convaincu le Russe d’accélérer le processus de succession. Restait à avoir l’aval de Dmitri Rybolovlev qui a d’autres soucis en Principaut­é, notamment son procès avec le marchand d’art Yves Bouvier qui a connu une nouvelle tournure juridique la semaine dernière. Le grand patron de l’ASM n’est pas souvent en Principaut­é et encore moins au stade. C’est lui, le grand décisionna­ire, là où avant, Vadim Vasilyev avait gagné un peu plus en pouvoir d’agir au fil des années. Pour virer un coach, c’est Rybolovlev et personne d’autre qui doit signer l’acte. Il avait regretté son départ dès la 9e journée l’an dernier, et avait oeuvré pour son retour après un mea culpa officiel en janvier qui s’était terminé, l’un dans l’autre, par le départ de Vadim Vasilyev. Mais les relations tendues entre Petrov - qui débarque dans le monde du football et qui peine à s’y imposer - et Leonardo Jardim ont fini par brouiller les cartes et remettre en cause le poste du coach, et notamment sa légitimité. Cette gouvernanc­e atypique, bancale et difficile à lire contribue à fragiliser un club qui se cherche depuis 2017. Pendant ce temps-là, les joueurs observent ce drôle de numéro...

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(Photos Sébastien Botella) Jardim
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