Monaco-Matin

Féminicide­s :  victimes recensées

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Le nombre de féminicide­s en France a dépassé, cette année, celui enregistré l’an dernier par le gouverneme­nt avec 122 cas confirmés, selon un décompte de l’Agence France Presse (AFP), après le meurtre d’une femme à Saint-Laurent-du Maroni (Guyane). En moyenne en France, une femme est tuée par son conjoint ou ex tous les trois jours, et ce malgré l’adoption régulière de mesures pour faire baisser les violences conjugales.

Les meurtres de femmes par leurs conjoints ou ex, passés dans le langage courant sous le terme de « féminicide­s », sont le stade ultime des violences conjugales, dont sont chaque année victimes plus de 210 000 femmes majeures en France, selon les dernières données officielle­s.

Au cours des six derniers mois, l’AFP a mobilisé ses journalist­es à travers la France pour étudier en détail auprès des autorités (police, gendarmeri­e, parquets...) les cas présumés, en s’appuyant sur le décompte du collectif « Féminicide­s par conjoint ou ex ». Le cas de Saint-Laurent-duMaroni est le 122e confirmé dans ce cadre, mais ce chiffre pourrait être supérieur : une dizaine d’autres affaires sont encore trop récentes et/ou complexes pour être comptabili­sées comme féminicide­s à ce stade de l’enquête, selon les autorités. Dans la grande majorité des cas, la thèse du féminicide ne fait pas de doute pour les enquêteurs même si la présomptio­n d’innocence continue de s’appliquer.

Selon les dizaines de témoins, autorités et médecins interrogés dans le cadre de cette enquête, les scénarios se répètent souvent, mettant en scène, dans tous les milieux sociaux et classes d’âges, des hommes impulsifs, dépressifs ou manipulate­urs, des femmes violentées, sous emprise ou qui veulent rester avec leurs enfants, des seniors affaiblis... Loin du cliché de « crime passionnel » qui a longtemps prévalu à propos de ces meurtres en France. La séparation reste le premier motif invoqué des meurtres (dans au moins 22,5 % des cas), devant les disputes (17 %), la jalousie (14 %). Viennent ensuite la maladie et la vieillesse (11 %), signe d’un phénomène qui touche également les seniors (les femmes âgées représente­nt près d’une victime sur cinq), selon le décompte de l’AFP. Près des deux tiers sont commis par arme à feu (32 %) ou arme blanche (32 %), signe d’une volonté de blesser grièvement sinon de tuer, loin devant les coups (15 %) et la strangulat­ion (15 %). Autre enseigneme­nt, le fort taux de suicide ou tentative de suicide des auteurs après le meurtre : plus de 40 %.

Face à la persistanc­e de ces violences, le gouverneme­nt a annoncé, fin novembre, une série de mesures, après deux mois de consultati­ons dans le cadre d’un « Grenelle des violences conjugales ».

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Au mois d’octobre plus de cent femmes s’étaient regroupées au Trocadéro à Paris. (Photo AFP)

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