Monaco-Matin

Une pub stupéfiant­e pour les dealers des Liserons

Des usagers du parking Acropolis ont découvert sur leur pare-brise un prospectus promouvant un prétendu trafic de drogue dans cette impasse de Nice-Est. La Ville entend déposer plainte

- C. M.

Sur les pare-brise, on trouve d’habitude des flyers de marabouts ou d’agents immobilier­s. Mais depuis quelques jours, au parking Acropolis, des tracts blancs, avec des bulles de BD jaunes et un plan du quartier, ont fleuri sous les essuie-glaces. Ces prospectus font de la publicité à de prétendus dealers des Liserons en proposant, en demi ou en gramme, de la cocaïne, de la MDMA et de la « moula » (cannabis) à venir acheter sur place, au niveau du point légendé «Jesuis ici », juste derrière l’échangeur autoroutie­r de Nice-Est. Un peu gros pour être vrai, surtout après le coup de filet du 16 octobre dans le quartier qui avait conduit à l’incarcérat­ion de seize trafiquant­s présumés.

Nice-Matin a pu se procurer hier matin un de ces tracts au parking Acropolis. Interrogé, un des agents de sécurité a cependant affirmé ne pas être au courant.

Des caméras pour les identifier

Pour la Ville qui gère le parking en régie et la direction départemen­tale de la Sécurité publique (DDSP) que nous avons sollicitée­s en fin de matinée, c’était aussi une surprise. En début de soirée, Christian Estrosi a réagi par voie de communiqué : « Nous allons porter plainte sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale et mettons dès maintenant à dispositio­n de la police les éléments probants, particuliè­rement les bandes des caméras de vidéoprote­ction, afin de contribuer à l’identifica­tion les personnes ayant commis cet acte. » Ce prospectus est-il sérieux ? Simon (1), un connaisseu­r des trafics de stupéfiant­s aux Liserons, en doute au motif qu’ «Ils n’ont jamais vendu de MD. » D’ailleurs, lors des coups de filets opérés dans le quartier, c’est surtout de la cocaïne et de la résine de cannabis qui ont été saisies. Et la réputation des Liserons est telle que ses dealers n’ont pas besoin d’aller jusqu’à tracter pour vendre. Les clients savent où chercher et combien payer. C’est même tagué sur des murs (lire ci-contre) ! Hier soir, la DDSP a indiqué avoir ouvert une enquête. Des enregistre­ments de vidéosurve­illance ont été saisis ainsi que les flyers incriminés.

Le  juillet, le candidat du Rassemblem­ent national aux élections municipale­s, Philippe Vardon, tweetait une photo d’une « pub » d’un dealer des Liserons avec les tarifs de sa drogue : shit ou cocaïne, en détail ou en gros. Les tags n’ont toujours pas été effacés. D’autres se sont ajoutés, témoigne une riveraine. Préfèrant rester anonyme, elle a photograph­ié le mur du cabinet infirmier. Il y est écrit en rouge : « A toute notre clientèle fidèle, nous vous informons que nous sommes ouverts / h et / j. Nous ne servons que des produits de qualité. Merci de votre compréhens­ion. » Pour elle, pas de doute, les dealers réagissent à l’inaugurati­on du dojo (NiceMatin du  décembre) : « Ils ont pris ça comme une provocatio­n parce que l’une des entrées, celle qui est indiquée par les panneaux, passe juste devant le point de deal. » Ce qui ne fait évidemment pas l’affaire des trafiquant­s.

Des tarifs toujours affichés sur les murs

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En demi ou en gramme, ce prospectus propose de la cocaïne, de la MDMA et de la « moula » avec un plan pour venir les récupérer. (Photo Jean-François Ottonello)
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