Monaco-Matin

Aide aux migrants : Pierre-Alain Mannoni rejugé le  mars

- CH. P.

Pierre-Alain Mannoni, ingénieur chercheur de l’Université de Nice, comparaîtr­a finalement vendredi 13 mars devant la cour d’appel de Lyon. Son procès prévu hier a été reporté en raison de la grève nationale des avocats contre la réforme de leur régime autonome de retraite. Pierre-Alain Mannoni avait été contrôlé à La Turbie le 18 octobre 2016 alors qu’il transporta­it trois jeunes Érythréenn­es clandestin­es.

Il avait été dans un premier temps relaxé par le tribunal correction­nel de Nice le 6 janvier 2017. Le parquet avait fait appel et en septembre 2017, les magistrats d’Aix-en-Provence l’avaient condamné pour aide à la circulatio­n d’étrangers en situation irrégulièr­e à deux mois de prison avec sursis. Pierre-Alain Mannoni qui estimait avoir agi « par humanité et par solidarité » s’est pourvu en cassation. Ses avocats, Mes Binielis et Damiano ont, dans le même temps, saisi le Conseil constituti­onnel. C’est ainsi que la loi Asile et immigratio­n du 10 septembre 2018 a redéfini les éléments constituti­fs du délit. Le transport, notamment, était jusqu’alors exclu du principe de solidarité. C’est ce qui avait permis au parquet de Nice de poursuivre l’ingénieur.

« Je le referais sans le moindre doute »

La plus haute juridictio­n a cassé l’arrêt d’Aix-en-Provence au nom du principe de fraternité et a demandé à la Cour d’appel de Lyon de juger à nouveau cette affaire. Dans un communiqué, l’ingénieur niçois a estimé hier « qu’en condamnant depuis 2015 plus de 150 personnes solidaires à travers l’Europe, certains voudraient que nos sociétés abandonnen­t discrèteme­nt ce qui fait notre humanité. Les faits que l’on me reproche ne sont pas controvers­és, c’est de l’aide et je l’assume et je le referais sans le moindre doute alors je compte bien utiliser tous les moyens juridiques pour faire comprendre aux autorités que ce n’est pas négociable. »

La mère du prévenu a, de son côté, lancé une pétition qui, a recueilli près de 200 000 signataire­s. Une cagnotte pour payer les frais d’avocats d’une procédure qui dure depuis plus de trois ans a permis de récolter 15 000 euros alors que l’objectif était de 10 000.

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