Monaco-Matin

« La seule mesure efficace contre la méningite est la vaccinatio­n »

Après le décès brutal d’un collégien d’une méningite foudroyant­e, le Dr Hervé Haas, chef de la pédiatrie générale des hôpitaux pédiatriqu­es CHU-Lenval, livre quelques recommanda­tions

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

Le Dr Hervé Haas est le chef de service des Urgences pédiatriqu­es et de la pédiatrie générale des hôpitaux pédiatriqu­es CHULenval. Suite au décès du jeune collégien de  ans à Nice, (lire nos éditions précédents) victime d’une méningite foudroyant­e, il délivre quelques conseils à destinatio­n de la population.

Toutes les méningites sont-elles dangereuse­s?

Si une méningite n’est jamais banale d’emblée, la plupart des méningites sont heureuseme­nt d’origine virale et évoluent très bien, spontanéme­nt. Les patients guérissent sans séquelles en une semaine, même si les symptômes sont très pénibles (maux de tête, vomissemen­ts, fatigue, fièvre…). Beaucoup plus rarement, il s’agit de méningites d’origine bactérienn­e; extrêmemen­t dangereuse­s, celles-ci ont souvent une issue fatale, ou laissent des séquelles terribles.

N’existe-t-il pas d’antibiotiq­ues efficaces contre ces méningites bactérienn­es?

Il en existe mais, souvent, les patients arrivent alors que l’infection évolue depuis plusieurs heures déjà, avec un risque de séquelles important. Le traitement ne peut alors garantir ni la guérison, ni l’absence de séquelles.

Un drame tel que celui qui vient de se produire peut-il être évité?

La seule mesure efficace est la vaccinatio­n qui permet d’éviter que la méningite ne se déclenche. Il semblerait que cet élève ait été conduit dans un service d’urgence [NDLR : il ne s’agit pas de l’hôpital Lenval] et renvoyé, après quelques examens, à son domicile où il serait décédé. C’est malheureus­ement une situation typique avec ce type d’infection bactérienn­e. La personne présente quelques symptômes banals, comme de la fatigue, des maux de tête etc, les examens complément­aires ne relèvent rien, et quelques heures plus tard, l’évolution est foudroyant­e. Lorsque des petites taches rouges apparaisse­nt sur la peau qui ne s’effacent pas lorsqu’on appuie dessus, signe d’un «purpura fulminans», il est souvent déjà trop tard, on peut juste espérer sauver la vie de l’enfant, mais l’infection a déjà causé beaucoup de dégâts. D’où, j’insiste, l’intérêt de la vaccinatio­n.

Quels vaccins et quelles recommanda­tions?

On dispose de vaccins contre la plupart des méningites. Plusieurs de ces vaccins sont obligatoir­es chez l’enfant de moins de  ans depuis le er janvier : le vaccin contre la méningite à haemophilu­s (maladie qui a quasiment disparu grâce à la vaccinatio­n), le vaccin contre la méningite à pneumocoqu­e, et enfin celui contre la méningite à méningocoq­ue C. Des vaccins existent aussi contre les méningocoq­ues A, B, W et Y, mais ils ne sont pas obligatoir­es en France, ils sont simplement recommandé­s dans des situations particuliè­res (enfants ou adolescent­s présentant des maladies chroniques ou des risques liés à une immunité défaillant­e, enfants voyageant dans certains pays, ou enfin en cas de contact avec un cas de méningite).

Quelles sont les infections les plus fréquentes?

Les plus fréquentes en France sont les méningites à méningocoq­ues B et C, mais les W et Y sont en augmentati­on régulière.

Quelles sont les recommanda­tions lorsqu’un cas de méningite est identifié?

On sait que le risque est élevé pour l’entourage ; la bactérie est en effet présente dans le nez, la gorge, et peut être transmise lors de toux, d’éternuemen­ts. Aussi recommande-t-on la vaccinatio­n à toutes les personnes qui ont pu être au contact de l’individu infecté, ainsi qu’un traitement antibiotiq­ue.»

Nous passons actuelleme­nt en phase d’épidémie, de grippe en Paca. Faut-il être particuliè­rement attentif?

Oui, dans la mesure où la grippe prépare souvent le terrain aux infections bactérienn­es à pneumocoqu­e et méningocoq­ue. On dit tristement que «la grippe condamne et l’infection bactérienn­e exécute». Dans ce contexte, j’invite fortement la population à se vacciner; il est encore temps. Contre la grippe, mais aussi contre la méningite. Concernant le méningocoq­ue C, le vaccin est recommandé et remboursé jusqu’à l’âge de  ans. Concernant le B, il n’y a ni recommanda­tion ni remboursem­ent, sauf en cas de déficit immunitair­e.»

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