« La seule mesure efficace contre la méningite est la vaccination »
Après le décès brutal d’un collégien d’une méningite foudroyante, le Dr Hervé Haas, chef de la pédiatrie générale des hôpitaux pédiatriques CHU-Lenval, livre quelques recommandations
Le Dr Hervé Haas est le chef de service des Urgences pédiatriques et de la pédiatrie générale des hôpitaux pédiatriques CHULenval. Suite au décès du jeune collégien de ans à Nice, (lire nos éditions précédents) victime d’une méningite foudroyante, il délivre quelques conseils à destination de la population.
Toutes les méningites sont-elles dangereuses?
Si une méningite n’est jamais banale d’emblée, la plupart des méningites sont heureusement d’origine virale et évoluent très bien, spontanément. Les patients guérissent sans séquelles en une semaine, même si les symptômes sont très pénibles (maux de tête, vomissements, fatigue, fièvre…). Beaucoup plus rarement, il s’agit de méningites d’origine bactérienne; extrêmement dangereuses, celles-ci ont souvent une issue fatale, ou laissent des séquelles terribles.
N’existe-t-il pas d’antibiotiques efficaces contre ces méningites bactériennes?
Il en existe mais, souvent, les patients arrivent alors que l’infection évolue depuis plusieurs heures déjà, avec un risque de séquelles important. Le traitement ne peut alors garantir ni la guérison, ni l’absence de séquelles.
Un drame tel que celui qui vient de se produire peut-il être évité?
La seule mesure efficace est la vaccination qui permet d’éviter que la méningite ne se déclenche. Il semblerait que cet élève ait été conduit dans un service d’urgence [NDLR : il ne s’agit pas de l’hôpital Lenval] et renvoyé, après quelques examens, à son domicile où il serait décédé. C’est malheureusement une situation typique avec ce type d’infection bactérienne. La personne présente quelques symptômes banals, comme de la fatigue, des maux de tête etc, les examens complémentaires ne relèvent rien, et quelques heures plus tard, l’évolution est foudroyante. Lorsque des petites taches rouges apparaissent sur la peau qui ne s’effacent pas lorsqu’on appuie dessus, signe d’un «purpura fulminans», il est souvent déjà trop tard, on peut juste espérer sauver la vie de l’enfant, mais l’infection a déjà causé beaucoup de dégâts. D’où, j’insiste, l’intérêt de la vaccination.
Quels vaccins et quelles recommandations?
On dispose de vaccins contre la plupart des méningites. Plusieurs de ces vaccins sont obligatoires chez l’enfant de moins de ans depuis le er janvier : le vaccin contre la méningite à haemophilus (maladie qui a quasiment disparu grâce à la vaccination), le vaccin contre la méningite à pneumocoque, et enfin celui contre la méningite à méningocoque C. Des vaccins existent aussi contre les méningocoques A, B, W et Y, mais ils ne sont pas obligatoires en France, ils sont simplement recommandés dans des situations particulières (enfants ou adolescents présentant des maladies chroniques ou des risques liés à une immunité défaillante, enfants voyageant dans certains pays, ou enfin en cas de contact avec un cas de méningite).
Quelles sont les infections les plus fréquentes?
Les plus fréquentes en France sont les méningites à méningocoques B et C, mais les W et Y sont en augmentation régulière.
Quelles sont les recommandations lorsqu’un cas de méningite est identifié?
On sait que le risque est élevé pour l’entourage ; la bactérie est en effet présente dans le nez, la gorge, et peut être transmise lors de toux, d’éternuements. Aussi recommande-t-on la vaccination à toutes les personnes qui ont pu être au contact de l’individu infecté, ainsi qu’un traitement antibiotique.»
Nous passons actuellement en phase d’épidémie, de grippe en Paca. Faut-il être particulièrement attentif?
Oui, dans la mesure où la grippe prépare souvent le terrain aux infections bactériennes à pneumocoque et méningocoque. On dit tristement que «la grippe condamne et l’infection bactérienne exécute». Dans ce contexte, j’invite fortement la population à se vacciner; il est encore temps. Contre la grippe, mais aussi contre la méningite. Concernant le méningocoque C, le vaccin est recommandé et remboursé jusqu’à l’âge de ans. Concernant le B, il n’y a ni recommandation ni remboursement, sauf en cas de déficit immunitaire.»