Emmanuel Macron : « L’information est une affaire de professionnels »
« Ceci n’est pas un grand débat. Vous ne serez pas séquestrés avec moi pendant sept heures ! » Renouant avec la tradition des voeux à la presse, mise entre parenthèses l’an passé pour cause de crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron s’est contenté, hier aprèsmidi, d’un discours de circonstance sur l’exercice de la profession de journaliste et les mutations auxquelles doit faire face le secteur de la presse.
Ceux qui espéraient des déclarations du président de la République sur la réforme des retraites en auront été pour leurs frais. Évacuant le sujet en une brève allusion, Emmanuel Macron a indiqué qu’il prendrait la parole le moment venu, sous une forme (conférence de presse ou intervention télévisée) qui n’est pas encore arrêtée.
« Vous avez à faire face à un monde de plus en plus difficile à expliquer », a analysé le chef de l’Etat devant plusieurs centaines de journalistes réunis face à lui, debout, dans la salle des fêtes de l’Élysée. Invitant les dirigeants de médias et responsables de rédactions à défendre bec et ongles «la liberté de la presse que nous chérissons depuis 230 ans », il a estimé que « cette liberté est bousculée par les effets de foule qui accompagnent les réseaux sociaux, et une forme d’ordre moral qui accompagne notre époque ».
Le Président a également dénoncé « une violence qui s’est installée dans la rue et qui fait que des journalistes ont été agressés parce qu’ils étaient journalistes ».
Le fléau des « fake news » Sur un ton parfois un brin professoral, Emmanuel Macron a mis en garde les professionnels des médias. « Vous ne devez pas laisser prospérer une forme de concurrence déloyale dans le rapport à la vérité. Si quiconque, avec un téléphone portable, peut se considérer comme journaliste, vous aurez du mal à tenir. » Incitant les rédactions à amplifier la lutte contre les « fake news », il a souligné que « l’information est une affaire de professionnels ».
Le président de la République l’assure : l’Etat, attaché au pluralisme « qui est un peu l’esprit de notre République », continue à se battre pour que les plateformes du numérique « qui pillent votre travail » rémunèrent enfin les éditeurs de presse. « Ce qui se joue en France, c’est un modèle qui défend les auteurs, les journalistes, les photographes face à une approche anglosaxonne qui privilégie la diffusion. » Évoquant le plan filière de soutien à la presse, une amélioration des dispositifs d’aide et la réforme de l’audiovisuel public, Emmanuel Macron a estimé qu’il était nécessaire de « cultiver la prise de risque, la singularité et viser des contenus hors-normes ». Son voeu, au-delà de la santé et du bonheur, de rigueur : « Du courage et de l’enthousiasme. Notre pays a besoin de retrouver un certain goût de l’avenir. » Après la réforme des retraites ?