Les deux mauvaises journées de Ségolène Royal Lyon : l’ex-prêtre Preynat révèle son passé de victime
Elle pense trop à sa propre étoile, pas assez à l’avenir des pôles. Hier, le Parquet national financier ouvre une enquête préliminaire. Il veut vérifier la bonne gestion des moyens mis à sa disposition par la République. Mardi : selon une indiscrétion du Canard enchaîné, les ministères des Affaires étrangères et de la Transition écologique la préviennent. Elle va être virée. Ils lui reprochent d’avoir enfreint son devoir de réserve. Pas assez loyale, madame Royal. En fait, elle a beaucoup critiqué la gestion gouvernementale du dossier des retraites. Une ambassadrice des pôles, c’est comme un ministre de la Défense : « Ça ferme sa gueule ou ça démissionne », déclarait, en termes moins policés, Jean-Pierre Chevènement il y a près de quarante ans. Quarante-huit heures sur des charbons ardents. Éreintantes pour tout homme, pour toute femme, normalement constitués. Pas pour elle. Au lieu de panser ses plaies, elle pianote sur son compte Facebook. Pour y revendiquer une « liberté d’opinion et d’expression garantie par la Constitution », rarement réclamée par ses collègues ambassadeurs. Quant à la gestion de la mission Pôles jugée un peu trop dilettante, elle soutient mordicus que « les règles de rigueur qui s’imposent ont été parfaitement respectées ». Autant que son honneur, c’est un destin national qu’elle défend pied à pied, alors qu’elle est l’une des rares personnalités de gauche à surnager dans les enquêtes d’opinion. Pas question de se griller au pôle Nord si elle veut un jour gagner l’Élysée. Très à l’aise sur les réseaux sociaux, pour clouer le bec des « pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre », elle doit maintenant convaincre de la justesse de ses arguments, la petite vingtaine de magistrats du Parquet national financier. Le PNF a été créé sous le mandat d’un président de la République qui connaît bien Ségolène Royal. Un certain François Hollande. De nombreux politiques ont eu affaire à cette institution soucieuse de son indépendance, comme François Fillon (droite), Marine Le Pen (RN) ou Bruno Le Roux (gauche). Tous, ne s’en sont pas relevés.
L’ex-prêtre Bernard Preynat, jugé à Lyon pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts il y a plus de 30 ans, a révélé, hier, avoir lui-même été abusé dans sa jeunesse, pointant la responsabilité de l’Eglise qui n’a pas su réagir face à ses pulsions.
Depuis le début de son procès, Bernard Preynat, acculé par les témoignages de ses victimes, s’était contenté de reconnaître partiellement les faits en demandant pardon, mais sa défense a pris un nouveau tour hier. L’ancien prêtre a d’abord surpris jusqu’à son avocat en évoquant pour la première fois des abus qu’il aurait lui-même subis dans sa jeunesse, en se référant à une lettre écrite l’été dernier à l’administrateur apostolique de Lyon Michel Dubost. Dans ce courrier, Preynat raconte notamment avoir été successivement agressé sexuellement par un sacristain de sa paroisse, un séminariste et un prêtre au petit séminaire entre sa sixième et sa quatrième. Des faits qu’il n’avait jamais évoqués avant d’être interrogé par une inspectrice de police début 2016. « Sans accuser » l’Eglise, l’ex-prêtre a aussi évoqué la responsabilité de sa hiérarchie qui, plusieurs fois alertée de ses pulsions, n’a pas exigé qu’il se fasse soigner. « On aurait dû m’aider... On m’a laissé devenir prêtre », explique-t-il, mentionnant une thérapie infructueuse suivie en 1967 et 1968.
« Il m’obligeait à me masturber »
Devant le tribunal correctionnel, les témoignages accablants des dix victimes parties civiles continuent de s’égrener. Plusieurs ont protesté contre les tentatives de minimisation des faits de Preynat, qui refuse notamment de reconnaître des masturbations forcées. « Ma femme me caresse. Lui, c’était de la masturbation ; il me touchait comme un sauvage », s’indigne à la barre Stéphane Hoarau, 8 ans à l’époque des faits. « Il me baissait mon short, me touchait le sexe, me masturbait, m’obligeait à me masturber et m’a demandé parfois de le masturber, de caresser son sexe... Il me retournait pour se frotter contre moi », explique-t-il, ajoutant que ces abus s’étaient déroulés plusieurs fois dans la chambre de l’ancien homme d’église. Une autre victime témoigne d’horribles « flashes » quand elle change les couches de ses jumeaux, des petits garçons de deux ans. « Des visions me reviennent. Des craintes me reviennent », raconte, la voix étranglée, Stéphane Sylvestre qui a déposé plainte en 2015. Il se souvient des attouchements de l’ex-prêtre sur son sexe, notamment dans les bureaux du premier étage de l’église Saint-Luc de Sainte-Foylès-Lyon. Quand Preynat l’agressait, « il pouvait parler de scoutisme, complètement en décalage avec ce qu’il me faisait » ,relève Stéphane Sylvestre.
« J’étais très loin de tous les agresser, Dieu merci ! », s’est maladroitement défendu Preynat un peu plus tôt au milieu de murmures, en réponse à la présidente du tribunal qui soulignait de sa part « une multiplicité d’actes sur une multiplicité d’enfants pendant une vingtaine d’années ». Le tribunal a débuté, hier soir, l’audition d’un expert psychologue chargé de sonder la personnalité de l’ancien curé de 74 ans, qui encourt, rappelons-le, jusqu’à dix ans de prison.
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