Ils brûlent la montagne pour mieux la protéger
Jusqu’en mars, agents de Force 06, de l’ONF et pompiers mènent des campagnes de brûlages dirigés. Le but : créer des zones tampon pour contenir les incendies. Reportage à
Soudain, sur les pentes abruptes des falaises surplombant la route du Caire, au-dessus de Tourrettes-sur-Loup, la garrigue s’enflamme. Le genêt crépite sous les flammes. En quelques instants, le brasier provoqué par les sapeurs-pompiers grimpe la pente. Une épaisse fumée envahit la montagne, déchirant le ciel azur. Chaque parcelle d’air semble suffoquer. Le nuage s’élève, visible à des kilomètres à la ronde. De décembre à mars, les sapeurs-pompiers brûlent volontairement entre 700 et 800 hectares de broussailles. Ces brûlages dirigés remplissent plusieurs vocations (lire par ailleurs).
« Ce sont des opérations d’incinération de végétaux, qui sont faites dans de bonnes conditions pour l’environnement. On ne le fait pas en plein été ou quand la végétation est en pousse », explique le lieutenant-colonel Alain Degioanni, chef du groupement opérations du service départemental d’incendie et de secours (Sdis 06).
hectares brûlés hier
L’un des objectifs est de permettre aux éleveurs de retrouver l’accès à leurs pâturages, ainsi qu’une herbe bien verte qui va venir remplacer des formations forestières touffues, type garrigue. « Vous verrez ici, dans quelques mois, ça ressemblera à un golf », sourit le lieutenant-colonel Degioanni. « L’éleveur va pouvoir faire cheminer ses bêtes jusqu’au point d’eau situé sous les résineux, et jusqu’à sa bergerie. Après les premières pluies au printemps, en avril, mai, ça va être comme de la pelouse qui va repousser. Les bêtes vont pouvoir manger. » Sapeurs-pompiers, agents de Force 06 et de l’Office national des forêts s’associent pour ces opérations de brûlage d’hiver. Elles sont souvent effectuées à la demande des éleveurs, qui déposent un dossier auprès de Force 06, maître d’oeuvre de ces opérations. Après étude et acceptation, c’est le conseil départemental qui finance. « Tout ceci demande des autorisations. Il y a un travail de recherche important au niveau cadastral, parfois pour retrouver les héritiers de certaines parcelles. Le brûlage dirigé est affiché un mois avant en mairie. En cas de refus, on ne rentre pas sur les parcelles », souligne Frédéric Raynard, responsable de la cellule brûlages dirigés au Sdis 06. Hier, sur la route du Caire, à Tourrettes-sur-Loup, ce sont 25 hectares qui ont été brûlés en l’espace de trois heures, dans des conditions météo idéales, sans vent. Et en toute sécurité.