Robert Gelli prône « l’unité et l’indépendance de la justice »
Le directeur des Services judiciaires a profité de ses voeux pour remercier le souverain et appeler à une justice « forte et indépendante » au sortir de « turbulences » et à l’orée de grands « défis »
L’invitation à la presse est tombée la veille au soir. A la dernière minute. Mais le propos, vendredi midi au Palais de justice, n’avait rien d’une improvisation. Pour ses premiers voeux en tant que directeur des Services judiciaires, Robert Gelli a choisi d’être transparent sur son – ambitieuse – feuille de route.
Premier enseignement de ce discours d’un quart d’heure, le successeur de Laurent Anselmi se veut rassembleur. Une unité qu’il a d’ailleurs choisi de prêcher devant l’ensemble des services judiciaires. « Car la justice, c’est vous. Des hommes, des femmes, qui avaient choisi de mettre vos compétences, votre expérience, votre créativité et votre temps, votre énergie, votre force, au service de cette noble institution. »
« Préserver de toutes pressions et influences »
Magistrats, agents du greffe, personnel de l’administration pénitentiaire, Robert Gelli s’est adressé «à ceux qui font pleinement partie de la vie judiciaire et qui partagent au quotidien la mission de garantir les droits fondamentaux et la dignité humaine ». Sans oublier les absents, « ceux qui contribuent à l’efficacité de la justice pénale avec loyauté et compétences, qui ne sont pas là aujourd’hui, la police judiciaire ». Quittant son pupitre du regard pour chercher le bâtonnier Régis Bergonzi dans la salle, Robert Gelli a passé un message sans équivoque aux avocats, « ceux dont le rôle est essentiel pour rendre une bonne justice ». « Je vous demande, M. le bâtonnier, de témoigner de mon attachement profond au droit de la défense. » Un devoir d’exemplarité que le directeur des Services judiciaires entend incarner. « Je vais toujours m’employer à remplir avec conviction et constance les missions que les textes, par la volonté du Prince, ont assignées au directeur des Services judiciaires. Il m’appartient de veiller à l’indépendance de la justice et de préserver ceux qui la rendent de toutes pressions et influences. Cette indépendance est, et doit, être totale. Et parce qu’elle est absolue, elle oblige ceux qui l’incarnent, elle les invite au professionnalisme, à l’humilité, la modestie et la confidentialité. Par respect du serment prêté, par souci d’efficacité de l’enquête, par respect de la présomption d’innocence, par respect de la vie privée et par attention à l’égard de celles et ceux qui sont confrontés à la justice. »
« La justice monégasque fonctionne bien »
Assurer le bon fonctionnement de l’institution judiciaire, « une tâche qui, pour moi, n’est pas si compliquée que ça, a ajouté Robert Gelli. Puisque depuis mon arrivée, j’ai pu constater que la justice monégasque fonctionne bien. Fortes compétences, des magistrats de grande qualité – disposant de moyens qui font défaut à la justice du pays voisin –, la justice monégasque rend des décisions dans des délais maîtrisés et tout à fait raisonnables à tous les niveaux, que ce soit au Tribunal de première instance comme au Tribunal suprême et à la Cour de révision. »
Des satisfactions entachées ces dernières années par la curée médiatique née des scandales et autres soubresauts de l’affaire BouvierRybolovlev. Un sujet non éludé par le directeur des Services judiciaires. « Je vous suis à tous d’autant plus reconnaissant que l’année dernière notre institution a connu des turbulences, des moments difficiles qui ont pu conduire à des tensions en interne comme avec l’extérieur. Une nouvelle page s’ouvre, elle est symbolisée par l’arrivée de deux nouveaux juges d’instruction, MM. Leclerc et Vouaux, de grands professionnels très rapidement appréciés de tous. Un nouveau chapitre s’écrit dans la sérénité, la confiance, mais toujours avec la même détermination totale pour faire émerger la manifestation de la vérité. »
« Le Prince qui m’a choisi »
Une quête menée, en Principauté, au nom du prince Albert II. «Jesuis très reconnaissant à l’égard du Prince qui m’a choisi. Je le dis, qui m’a choisi, contrairement à ce qui a été écrit dans des articles de presse, et qui m’a fait confiance pour diriger l’ensemble des services judiciaires. Une mission, certes complexe et difficile, mais qui est passionnante. Je le remercie publiquement de me permettre de porter la parole d’une justice forte, efficace et indépendante. Indépendance dont le prince a récemment réaffirmé qu’elle était un principe intangible et au respect duquel il est très attentif. »