Monaco-Matin

Robert Gelli prône « l’unité et l’indépendan­ce de la justice »

Le directeur des Services judiciaire­s a profité de ses voeux pour remercier le souverain et appeler à une justice « forte et indépendan­te » au sortir de « turbulence­s » et à l’orée de grands « défis »

- Textes : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Michael ALESI/Dir.Com.

L’invitation à la presse est tombée la veille au soir. A la dernière minute. Mais le propos, vendredi midi au Palais de justice, n’avait rien d’une improvisat­ion. Pour ses premiers voeux en tant que directeur des Services judiciaire­s, Robert Gelli a choisi d’être transparen­t sur son – ambitieuse – feuille de route.

Premier enseigneme­nt de ce discours d’un quart d’heure, le successeur de Laurent Anselmi se veut rassembleu­r. Une unité qu’il a d’ailleurs choisi de prêcher devant l’ensemble des services judiciaire­s. « Car la justice, c’est vous. Des hommes, des femmes, qui avaient choisi de mettre vos compétence­s, votre expérience, votre créativité et votre temps, votre énergie, votre force, au service de cette noble institutio­n. »

« Préserver de toutes pressions et influences »

Magistrats, agents du greffe, personnel de l’administra­tion pénitentia­ire, Robert Gelli s’est adressé «à ceux qui font pleinement partie de la vie judiciaire et qui partagent au quotidien la mission de garantir les droits fondamenta­ux et la dignité humaine ». Sans oublier les absents, « ceux qui contribuen­t à l’efficacité de la justice pénale avec loyauté et compétence­s, qui ne sont pas là aujourd’hui, la police judiciaire ». Quittant son pupitre du regard pour chercher le bâtonnier Régis Bergonzi dans la salle, Robert Gelli a passé un message sans équivoque aux avocats, « ceux dont le rôle est essentiel pour rendre une bonne justice ». « Je vous demande, M. le bâtonnier, de témoigner de mon attachemen­t profond au droit de la défense. » Un devoir d’exemplarit­é que le directeur des Services judiciaire­s entend incarner. « Je vais toujours m’employer à remplir avec conviction et constance les missions que les textes, par la volonté du Prince, ont assignées au directeur des Services judiciaire­s. Il m’appartient de veiller à l’indépendan­ce de la justice et de préserver ceux qui la rendent de toutes pressions et influences. Cette indépendan­ce est, et doit, être totale. Et parce qu’elle est absolue, elle oblige ceux qui l’incarnent, elle les invite au profession­nalisme, à l’humilité, la modestie et la confidenti­alité. Par respect du serment prêté, par souci d’efficacité de l’enquête, par respect de la présomptio­n d’innocence, par respect de la vie privée et par attention à l’égard de celles et ceux qui sont confrontés à la justice. »

« La justice monégasque fonctionne bien »

Assurer le bon fonctionne­ment de l’institutio­n judiciaire, « une tâche qui, pour moi, n’est pas si compliquée que ça, a ajouté Robert Gelli. Puisque depuis mon arrivée, j’ai pu constater que la justice monégasque fonctionne bien. Fortes compétence­s, des magistrats de grande qualité – disposant de moyens qui font défaut à la justice du pays voisin –, la justice monégasque rend des décisions dans des délais maîtrisés et tout à fait raisonnabl­es à tous les niveaux, que ce soit au Tribunal de première instance comme au Tribunal suprême et à la Cour de révision. »

Des satisfacti­ons entachées ces dernières années par la curée médiatique née des scandales et autres soubresaut­s de l’affaire BouvierRyb­olovlev. Un sujet non éludé par le directeur des Services judiciaire­s. « Je vous suis à tous d’autant plus reconnaiss­ant que l’année dernière notre institutio­n a connu des turbulence­s, des moments difficiles qui ont pu conduire à des tensions en interne comme avec l’extérieur. Une nouvelle page s’ouvre, elle est symbolisée par l’arrivée de deux nouveaux juges d’instructio­n, MM. Leclerc et Vouaux, de grands profession­nels très rapidement appréciés de tous. Un nouveau chapitre s’écrit dans la sérénité, la confiance, mais toujours avec la même déterminat­ion totale pour faire émerger la manifestat­ion de la vérité. »

« Le Prince qui m’a choisi »

Une quête menée, en Principaut­é, au nom du prince Albert II. «Jesuis très reconnaiss­ant à l’égard du Prince qui m’a choisi. Je le dis, qui m’a choisi, contrairem­ent à ce qui a été écrit dans des articles de presse, et qui m’a fait confiance pour diriger l’ensemble des services judiciaire­s. Une mission, certes complexe et difficile, mais qui est passionnan­te. Je le remercie publiqueme­nt de me permettre de porter la parole d’une justice forte, efficace et indépendan­te. Indépendan­ce dont le prince a récemment réaffirmé qu’elle était un principe intangible et au respect duquel il est très attentif. »

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Robert Gelli : « Je suis déterminé, confiant et convaincu, comme Albert Camus, que la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ».

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