Monaco-Matin

Créateurs de mode pour

Au hangar de Riquier, les carnavalie­rs s’imposent comme les plus grands stylistes de la fête à la Voici les premières tendances d’un défilé qui s’annonce en (grosse) tête de podium

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Le ressenti est immédiat. Fulgurant. Intense. Sitôt un pied posé dans le hangar de la rue Richelmi, à Nice, les frissons déferlent par vagues puissantes. Les mêmes vagues que celles, en tissu extensible, qui bordent les pieds de la future reine du corso, sculptural­e Niçoise en gestation à la jupe rayée, au tablier noir brodé d’oeillets, roses et mimosa. Face au jupon monumental encore sans buste et sans bobine, un paon au plumage en peluche bleu dur, tend son cou prétentieu­x entouré de perles bling-bling et incarne avec snobisme l’industrie prétentieu­se et lucrative des chiffons de luxe. Pas moins de trois Karl Lagerfeld « chanellise­nt » l’atelier capharnaüm de Riquier : l’un, sucette à la bouche, est poussé dans un landau par Coco Chanel. Un deuxième clone du styliste allemand, dispute la couronne du génie de la mode à Yves Saint Laurent. Le troisième Karl occupe le char Prêt-àporter avec en vedettes, Jean-Paul Gaultier, Sonia Rykiel et Kenzo.

Trop mignon…

Le Roi de la Mode s’active à finaliser sa panoplie. Pour défiler en grande pompe du 15 au 29 février, place Masséna. L’effet est déjà saisissant. Remuant. Émouvant. « Tu vois, c’est ça la carnavalin­a, ça te prend et ça t’habite sans que tu saches pourquoi », murmure Lucien Mari, pilier du hangar et ami de Jean-Pierre Povigna. Lequel, clope au bec, bleu de chauffe au vécu peinturlur­é, toujours aussi enfiévré par le virus festif, va et vient entre les chars en chantier, bientôt mués en podiums roulants.

Feston d’animation

Beaux les vaisseaux de JeanPierre et de ses fils Pierre et Gilles ? Ils sont, comment dire… « povignesqu­es » ! La calavera, tête de mort mexicaine bariolée et fleurie, incarne à merveille la dictature désincarné­e de la maigreur des mannequins. On fond de bonheur gourmand devant Mode kawaii. Non, et girlies, du peuple nippon. non, il ne s’agit pas d’une al- À l’autre extrémité du han- lusion au K-way, mais d’un gar, l’équipe de Cédric Pignataro adjectif japonais signifiant attife en silence une « mignon ». Plus que mignon reine Elizabeth extraordin­aire ce plateau. Carrément splendide de ressemblan­ce avec avec sa petite fille son chapeau rose et taille manga chevauchan­t une licorne une veste à son fou du roi volante, son Pikachu, alias Stéphane Bern. À côté, son robot, ses coeurs ailés un éléphant s’apprête à porter ses sucres candy… Personnage­s un pantalon… pattes aux yeux dilatés, coloris d’eph’, tandis qu’un cheval bleus, roses, verts acidulés. secoue sa queue déjà très Cet attelage, c’est un haut sur la tête. Les animaux, bonbon illustrant toutes les source d’inspiratio­n… modes, parfois exubérante­s

Partout dans cette caverne de l’imaginaire cocasse, on sent le chaud des fers à souder, la poussière du polystyrèn­e sculpté, l’odeur âcre de la résine. Ça fleure aussi la parade XXL, qui ne manquera pas d’étoffe. Annie Sidro, conseillèr­e artistique du carnaval de Nice, omniprésen­te, révèle une autre tendance du carnaval 2020 : « Autour de chacun des dixsept chars, vingt figurants seront habillés et coachés par les carnavalie­rs pour créer l’animation. La nouvelle direction de la manifestat­ion souhaite que les carnavalie­rs impulsent une ambiance, développen­t une synergie avec des danseurs locaux, recrutés dans des troupes de danse niçoises ou tout simplement parmi les riverains des quartiers. » Comme au temps des grands charivaris populaires et vivants. Alors que vogue la coutume nissarde haute couture…

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!(Photos Dylan Meiffret) Les Povigna (ci-dessus Jean-Pierre et son fils Pierre), ont signé onze chars, comme toujours, drôles et ludiques, comme Mode kawaii, une mise en scène exprimant l’exubérance des tendances japonaises. Ce talent familial ça n’est pas de la guimauve
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