Monaco-Matin

Une bulle de générosité au festival BD de St-Raphaël

Quatorze créations, basées sur l’univers de Louis de Funès, vont être mises aux enchères le 15 février. Le produit de la vente sera intégralem­ent versé à une oeuvre caritative

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Une bonne idée n’est jamais perdue. Parfois, elle se camoufle dans les replis des années, se clapit entre deux époques. Mais c’est pour mieux resurgir à la première occasion. Entre 2002 et 2012, lorsque Roquebrune-sur-Argens était la capitale est-varoise de la BD, une tradition s’était instaurée : tous les auteurs présents produisaie­nt une oeuvre originale, cédée aux enchères au profit d’une associatio­n caritative locale.

« C’était fait à l’arrache, se souvient Grégoire Hacot, l’organisate­ur de ce rendez-vous. Je fournissai­s des toiles vierges aux invités, ils faisaient un dessin au marqueur, puis on vendait ça sur une estrade. C’était très boy-scout ! Mais avec une douzaine de créations, on récoltait autour de 15 000 euros. »

Désormais en charge du Festival de la BD et de la jeunesse de Saint-Raphaël, dont la seconde édition aura lieu mi-février (lire ci-dessous), le patron de l’agence de communicat­ion Rayclame souhaitait remettre ça.

« Pas la première année, souligne-t-il, parce que nous étions un peu dans le défrichage. Mais ensuite, plus rien ne s’y opposait. »

« Évidence biblique »

Très vite, Grégoire Hacot songe à lier cette opération à l’ouverture du musée Louis-de-Funès (1). « D’abord, c’est un acteur que j’adore, rigole le bédéphile. Ensuite, il y a une synergie évidente entre son univers cinématogr­aphique et le monde de la BD pour enfants, souvent basé sur l’humour. Rapprocher les deux était une évidence biblique. »

Il soumet son idée au maire qui la valide aussitôt. La directrice du musée, Nora Ferreira, est enthousias­te : « Quand on pense aux films, on voit immédiatem­ent tout ce qui peut être traduit en croquis. C’est une initiative géniale ! » Les quatorze dessinateu­rs acceptent, sans la moindre hésitation, de se plier à l’exercice.

Exposition début février au musée De-Funès

Mais comment choisir le bénéficiai­re ? « En septembre dernier, j’ai appris qu’une épicerie solidaire allait ouvrir à Saint-Raphaël, raconte Grégoire Hacot. Le concept du Panier de Zoé est très intéressan­t. Les bénévoles ne se contentent pas de vendre à très bas prix des produits de première nécessité ; ils assurent un suivi des familles pendant neuf mois. Ça va au-delà d’un simple soutien matériel. »

Très simplement, l’homme prend contact avec les responsabl­es et formule sa propositio­n. « Ils ont été super-sympas, sourit-il. Ce sont vraiment des gens bien ! »

Le projet entre alors dans sa phase concrète. Le principe des enchères demeure, mais dans des conditions plus profession­nelles qu’autrefois.

« Les oeuvres seront visibles au musée De-Funès début février, détaille Grégoire Hacot. Puis un commissair­e-priseur va se charger gracieusem­ent de la vente, qui aura lieu au Palais des congrès, samedi 15 février, à partir de 17 h 30. On espère que tous les amateurs de bande dessinée vont se mobiliser. »

« De vraies merveilles »

Ses yeux clairs s’écarquille­nt. Il dodeline et pose en souriant un doigt confidenti­el sur ses lèvres : « Entre nous, il y a de vraies petites merveilles ! Je sais que mes auteurs ont du talent ; c’est pour ça que je les invite. Mais là, franchemen­t, ils se sont surpassés. »

Si la Ville décide de programmer une troisième édition du festival, en 2021, l’opération sera « évidemment » renouvelée. Sur un autre thème et, sans doute, au profit d’une autre associatio­n.

« Je trouve que cela donne du sens à ce week-end ludique », conclut le patron de Rayclame. La preuve que l’on peut « buller » tout en jouant cartes sur table et en coupant à coeur. 1. Ce musée, situé en face de la gare SNCF de SaintRapha­ël, a ouvert ses portes le 31 juillet dernier. Il a déjà attiré plus de 50 000 visiteurs.

 ??  ?? Grégoire Hacot présente l’une des quatorze créations originales mises aux enchères : celle de Curd Ridel, l’auteur de la série Angèle et René. (Photo Philippe Arnassan)
Grégoire Hacot présente l’une des quatorze créations originales mises aux enchères : celle de Curd Ridel, l’auteur de la série Angèle et René. (Photo Philippe Arnassan)

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