Monaco-Matin

Fini le broyage des poussins et la castration à vif des porcelets

Le gouverneme­nt français, par la voix du ministre de l’Agricultur­e Didier Guillaume, s’est engagé, hier, à interdire d’ici fin 2021 ces deux pratiques controvers­ées de l’élevage

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Fin 2021, plus rien ne sera comme avant », a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse, hier, durant laquelle il a décliné l’ensemble des mesures du gouverneme­nt pour le bien-être animal.

Sur le sujet emblématiq­ue des poussins mâles, qui sont broyés dans les élevages de poules pondeuses car il n’est pas rentable de les nourrir, « l’objectif, c’est de forcer les entreprise­s, la recherche à faire cela fin 2021, (...) trouver la technique qui marche à grande échelle », a indiqué Didier Guillaume, confirmant un engagement conjoint pris avec son homologue allemande à Berlin, le 13 janvier dernier.

Déjà interdit en Suisse

Parmi les voisins de la France, la Suisse a mis en place cette interdicti­on depuis le 1er janvier. Le mode d’abattage au moyen du CO2 y reste autorisé.

De la même manière, « fin 2021, il n’y aura plus de castration des porcelets à vif », a assuré le ministre, en ajoutant que le ministère allait « publier des textes réglementa­ires dans les toutes prochaines semaines pour aller vers l’interdicti­on des pratiques douloureus­es dans l’élevage ».

La castration des porcelets permet d’obtenir des porcs plus gras, tout en évitant l’odeur nauséabond­e de verrat que peut dégager à la cuisson le gras de certains mâles « entiers ». « Nous avons travaillé avec les vétérinair­es prêts à élaborer un protocole pour une prise en charge complète de la douleur », a expliqué Didier Guillaume.

« La véritable annonce serait de fixer une échéance pour l’arrêt de la castration et n’autoriser que les alternativ­es sauf exceptions pour certaines production­s », a réagi dans un communiqué l’associatio­n de protection des animaux CIWF, pour qui « la prise en charge de la douleur est une fausse bonne solution ». Elle a également déploré l’absence d’annonce pour l’interdicti­on de vente des oeufs de poules élevées en cage, comme s’y était engagé Emmanuel Macron lors de sa campagne présidenti­elle.

Etiquetage européen des modes d’élevage

De son côté, l’associatio­n L214, opposée à toute forme d’élevage et à la consommati­on de viande, a estimé que les mesures annoncées « ne sont pas des mesures ambitieuse­s » et « ne s’attaque (nt) pas au problème de fond. Il n’y a rien sur les conditions d’abattage des animaux, ni sur le plan de sortie de l’élevage intensif ».

« Nous ne prenons pas de mesures antinomiqu­es avec l’économie », a souligné le ministre, assurant que ces mesures devaient être mises en oeuvre «encoconstr­uction » avec les éleveurs. Si la France imposait une interdicti­on brutale, « les gens continuera­ient à manger » des produits importés d’autres pays, et les éleveurs français seraient les grands perdants.

« Il y a le bien-être animal, mais je suis aussi attaché au bien-être de l’éleveur, c’est très important », a-t-il ajouté.

Lutter contre l’abandon d’animaux domestique­s

« Au conseil des ministres de l’Agricultur­e à Bruxelles » qui s’est tenu lundi « nous avons pris la décision de mettre en place un étiquetage des modes d’élevage sur l’ensemble des produits à l’échelle européenne » ,a par ailleurs souligné le ministre. Cette expériment­ation, pour garantir au consommate­ur une informatio­n claire sur les modes d’élevage des produits carnés qu’il achète, démarrera « à partir de l’année prochaine » et durera deux ans.

Le plan prévoit aussi des mesures pour responsabi­liser les propriétai­res d’animaux de compagnie, en prévenant les achats impulsifs et en luttant contre les abandons.

« On n’achète pas un chat, un chien, un animal de compagnie comme on achète une glace en passant », a déclaré Didier Guillaume, rappelant que « chaque année, 100.000 animaux de compagnie sont abandonnés » : « les animaux, il faut les acheter chez des profession­nels ».

Dès le premier semestre 2020, « le non-respect de l’identifica­tion obligatoir­e des chats deviendra passible d’une contravent­ion de quatrième classe », indique encore le ministère. Par ailleurs, une mission de six mois est confiée au député LREM azuréen, Loïc Dombreval, pour proposer d’autres mesures afin d’assurer la bientraita­nce des animaux de compagnie.

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(Photo d’illustrati­on AFP) Seuls les poussins mâles sont tués, car les nourrir serait non rentable.

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