Sébastien Lecornu : « Il faut faire confiance aux élus ! »
Le ministre chargé des Collectivités territoriales vient dans le Var pour défendre la nouvelle loi sur le statut des élus locaux. Il y voit un renforcement notable de la commune et de la proximité
Sébastien Lecornu, ministre en charge des Collectivités territoriales, sera dans le Var jeudi. A Toulon d’abord, pour un échange avec des élus locaux autour de la loi Engagement et Proximité, qui vient d’être promulguée. A La Seyne ensuite, pour la visite d’une Maison France services.
Cette loi Engagement et Proximité signe-t-elle la réconciliation de l’Etat avec les élus locaux ?
Davantage que ça. Cette loi referme la page de dix ou quinze ans d’une politique qui a tourné le dos à la proximité. Elle remet la commune au coeur de notre organisation territoriale.
Au-delà de cette loi, n’y a-t-il pas toujours nécessité de refondre notre millefeuille territorial ?
Nous avons changé d’approche sur ce sujet. C’est le sens du projet de loi D [pour décentralisation, différenciation, déconcentration] que porte désormais Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires : il s’agit de clarifier par un nouveau mouvement de décentralisation. Au-delà de la question des strates, il faut redéfinir qui fait quoi, avec quel niveau de responsabilité et quelles ressources financières.
Les indemnités des élus seront réévaluées dans les communes de moins habitants. Mais qui va en supporter le coût ?
Nous avons pris une mesure de justice pour les communes rurales et pauvres. Nous augmentons de millions leur dotation. Et si un conseil municipal ne souhaite pas prendre de mesure de hausse des indemnités, le montant de sa dotation restera le même : la commune pourra se servir de cet argent pour autre chose.
Le relèvement du seuil de mise en concurrence pour les marchés publics ne vient-il pas en contradiction des lois pour la Confiance dans la vie politique ?
C’est une bonne mesure pour les entreprises locales et les petites collectivités. Cela va permettre de réintéresser des artisans et des PME à la commande publique. Les délits de favoritisme ou de prise illégale d’intérêts pourront toujours faire l’objet de poursuites déclenchées par le parquet. Et puis on a changé de période, on n’est plus dans les années , il faut faire confiance aux élus !
Les Maisons France services, n’est-ce pas du ripolinage ? Beaucoup existaient déjà dans les faits, sous un autre nom…
Il y a quand même une nouveauté, c’est l’argent que l’Etat donne aux collectivités qui portent ces Maisons. On accompagne plus, avec une certification qualitative. Avant, on trouvait un peu de tout dans les centres de services publics existants : certains très performants, mais aussi pas mal de coquilles vides. Nous assumonsede démarrer en labellisant ce qui existe déjà, mais les et e vagues, tout au long de , donneront lieu à de véritables créations.
La circulaire sur la suppression de la tendance politique par les préfets dans les communes de moins de habitants fait des vagues. Ça ressemble fort à une manipulation électorale…
Il y aura toujours des étiquettes politiques, c’est ce qui est compliqué à expliquer. Chaque candidat pourra afficher l’étiquette qu’il se donne. Le ministre de l’Intérieur a juste voulu mettre fin au nuançage, cette pratique qui voulait que le préfet colle d’autorité une étiquette à un candidat qui n’en avait pas. C’est une décision que nous assumons totalement, et qui répond à une demande des associations d’élus. Si vous déclarez que vous êtes tête de liste PS, par exemple, dans telle commune, le fichier national des élus vous classera comme élu PS.
Les oppositions frontales entre marcheurs aux municipales, à Paris ou Biarritz, n’est-ce pas le signe de la fragilité de LREM ?
Non, c’est la vie politique. Je ne porte pas de jugement là-dessus. Ce qui est bien, essentiel, c’est que des gens s’engagent.