Ntamack voit plus loin
Elu révélation du dernier Mondial par la Fédération internationale, l’ouvreur toulousain incarne la jeunesse dorée du rugby tricolore. Il cherchera à rester titulaire lors du Six Nations
Il a bouclé la Coupe du monde avec le trophée de révélation du tournoi. La récompense a fait sa «fierté » mais Romain Ntamack ne s’est pas appesanti sur la joie individuelle. A 20 ans, le demi de mêlée du Stade Toulousain voit plus grand sur les plans personnel et collectif. «Ila des objectifs plus épais », confirme Sébastien Piqueronies, son sélectionneur en équipe de France U20, championne du monde en 2018. Son prochain défi est d’ailleurs copieux : garder sa place d’ouvreur titulaire lors du Six Nations, en marquant les esprits dès le premier match contre l’Angleterre (dimanche, 16h), à Saint-Denis, où il est pressenti pour débuter. Buteur et n°10 durant le Mondial, associé à Antoine Dupont à la charnière, le fils d’Emile, l’ancien trois-quarts international (46 capes), n’a pas l’intention d’abandonner son fauteuil.
Il veut jouer dix
Obligé de composer avec une concurrence féroce, que le XV de France n’avait sans doute jamais connue à son poste, le Haut-Garonnais a profité des dernières semaines pour faire passer des messages. « J’ai envie de m’installer à ce poste d’ouvreur. J’ai pris de la confiance et des repères avec mes coéquipiers », a-t-il argué lundi. Si les ombres du Toulonnais
Louis Carbonel et du Bordelais Matthieu Jalibert planent au-dessus de sa tête, le champion de France fait comprendre qu’il est prêt à enchaîner. Le néo-sélectionneur Fabien Galthié aurait songé, un temps, à le décaler au centre pour faire une place à Carbonel ou Jalibert en 10, mais Ntamack n’apprécie guère l’idée. Et c’est parce qu’il était lassé qu’on « (lui) pose souvent la question » concernant son rôle en Bleu, comme il l’a confessé cette semaine, qu’il est sorti du discours policé dont il est coutumier pour clarifier les choses. « S’il y a besoin de dépanner quelque part, pas de problème, mais je me sens très bien à l’ouverture. Il va falloir que je m’installe à un poste en particulier », a-t-il asséné.
Canaliser l’exigence
Malgré le début d’une nouvelle ère pour le XV de France, dans laquelle chacun devra prouver sa valeur, Ntamack semble garder une longueur d’avance sur la concurrence. Une confiance qu’il entend rendre sans se mettre de pression. « Je ne pense pas être à un tournant de mon histoire en sélection, ce n’est que ma deuxième saison en Bleu » , at-il encore avancé lundi. Craint-il pour sa place en cas (Photos AFP et D. M.) de contre-performances dans les prochaines semaines ? « Je n’ai pas cette angoisse-là », confie-t-il.
« Romain est intelligent, il sait que la concurrence va le porter, juge Piqueronies. Ce qui me surprend chez lui, c’est son aisance à rester stable malgré la complexité de son nouvel environnement chez les A. »
En dépit de sa maturité, sa technique au-dessus de la moyenne et de son jeu au pied brillant, le Toulousain reste perfectible.
« L’axe de progression majeur, c’est sa capacité à maintenir la qualité de ses gestes et de ses décisions sous pression, ajoute
son ancien sélectionneur. Il a déjà des aptitudes pour le faire. » Autre chantier, canaliser l’exigence qu’il s’impose et qu’il impose à ses coéquipiers. Elle pourrait lui jouer des tours. « J’ai eu une discussion avec Clément Poitrenaud (ex-international) récemment, a dévoilé l’ouvreur. Il me disait d’être moins exigeant avec moi-même. J’avais tendance à m’agacer tout seul. Cette discussion m’a fait beaucoup de bien. Je ne pense pas que je serai moins exigeant à l’avenir, mais je prendrai plus de recul. »