Monaco-Matin

Des Bleus intrépides et insouciant­s

- C.R.

C’est un sentiment qui s’est diffusé au fil des points presse. Les Bleus respectent les Anglais et leur statut de vice-champions du monde. Comme Antoine Dupont, lucide, qui lâchait la semaine dernière : «On n’est pas favoris ». Pour autant, les Tricolores ne paraissent pas tourmentés par le stress et la peur à l’orée du Crunch. « C’est un match comme les autres », dixit Louis Carbonel. Tandis que le groupe s’est offert une cure de jouvence, avec un parterre de nouveaux qui devraient défier dimanche le XV de la Rose pour la première fois chez les A, les néophytes s’accordent un certain détachemen­t.

Un phénomène qui accompagne la préparatio­n de ce premier match du Tournoi et l’éclosion de la nouvelle génération incarnée, entre autres, par les champions du monde U20 2018 (et/ou) 2019. Ces gamins qui valent de l’or ont appris à marcher sur les Anglais dans les catégories inférieure­s et n’ont pas tous été bercés par la douce musique du Six

Nations et son histoire. De quoi alléger l’appréhensi­on. Un exemple ? Peu ont été en mesure de nous livrer un souvenir marquant ou une anecdote à propos d’un Crunch. Questionné à ce sujet, Julien Marchand, qui pourrait commencer au talonnage dimanche après le forfait de Camille Chat, a usé d’humour au moment de plonger dans le passé.

Piqueronie­s : « C’est une force »

« Je ne regardais pas forcément les

matchs quand j’étais plus jeune. Je n’avais pas la télé à la maison

(rire) », s’est amusé le Toulousain, 2 sélections chez les A mais aucun France - Angleterre.

Le constat dressé n’a pas vocation à juger négativeme­nt la manière dont les joueurs du XV de France s’imprègnent de leur sport. Voilà qui est propre à chacun. Il convient simplement de mettre en exergue un paramètre qui pourrait permettre de poser des bases saines et offrir un bel avenir aux Bleus. En s’évitant de cogiter ou de regarder en arrière, les ‘‘minots’’ tournent la page des années de galère et des revers cuisants, comme celui concédé dans le Tournoi à Twickenham (448) l’an passé. « Ça va être une des forces de cette nouvelle équipe. Avec les jeunes, elle va pouvoir regarder seulement devant, construire sa propre histoire », juge Sébastien Piqueronie­s, sélectionn­eur des U20 doubles champions du monde. Il poursuit : «Ilne faut pas voir de la suffisance dans cette attitude. Ça, j’en suis convaincu. Dans leur esprit, l’ambition va de paire avec l’humilité. Pour eux, le rugby est juste un jeu. Cette génération n’a pas peur des jugements et des évaluation­s. Par le passé, on a beaucoup mis de pression à la sélection par rapport aux résultats. Là, j’ai l’impression que les joueurs ont surtout envie de vivre des émotions sur le terrain et de bien jouer. »

Jefferson Poirot se veut admiratif.

« J’entends beaucoup d’anciens ou de trentenair­es dans les clubs s’étonner : ‘‘Ces jeunes ont dix matchs en Top 14 et sont déjà en équipe de France’’. Ouais, sauf qu’ils vont être bons parce qu’ils sont très préparés mentalemen­t, pointe le pilier, vice-capitaine lors du Mondial au Japon.

Depuis qu’ils ont 18-19 ans, ils jouent pour les meilleurs clubs français voire d’Europe. C’est une génération qui fait très vite tomber les barrières. »

A elle désormais d’assumer les attentes à court et long termes. Dans sa mire, le titre mondial à domicile en 2023.

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Le Toulonnais Louis Carbonel, comme le Toulousain Julien Marchand, incarnent une génération qui se pose peu de questions.
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