Monaco-Matin

Adolf, mon amour

- PHILIPPE DUPUY PH. D.

De Taika Waititi (USA).

Avec Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie, Scarlett Johansson. Durée :  h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : ★★★★

L’histoire JOJO RABBIT

En 1944, dans un village d’Allemagne, Jojo (Roman Griffin Davis) est un petit garçon d’une dizaine d’années, doux et timide, qui aime par-dessus tout Hitler et les croix gammées. Recalé aux Jeunesses Hitlérienn­es, il rend de menus services à la Kommandant­ur locale avec son ami aussi grotesque qu’imaginaire, Adolf Hitler (Taika Waititi). Ses idéaux national-socialiste­s sont mis à rude épreuve quand il découvre que sa mère adorée (Scarlett Johansson) cache une jeune fille juive (Thomasin McKenzie) dans leur grenier. S’il ne veut pas que sa mère soit arrêtée, Jojo va devoir sérieuseme­nt réviser sa vision du monde…

Notre avis

Il faut quand même être sacrément culotté (ou Néo-Zélandais ?) pour se lancer dans l’aventure d’un film dont le héros est un mini-nazi adorateur d’Hitler ! Taika Waititi, dont le travail sur Thor : Ragnarok ne préparait pas vraiment à pareille audace, est même allé jusqu’à se caster lui-même dans le rôle d’Adolf, l’ami imaginaire à petite moustache de Jojo. Un pantin grimaçant, gesticulan­t et burlesque, qui rappelle celui campé par Chaplin dans Le Dictateur.

Au début du film, on se demande un peu ce qu’on est en train de regarder. Un film de propagande pour les jeunesses hitlérienn­es signé par un émule de Wes Anderson, peut-être ? Heureuseme­nt, le côté farcesque de l’affaire l’emporte rapidement : le soidisant affreux Jojo blondinet admirateur d’Hitler, se révèle en fait être un bien gentil garçon, doux et naïf. Mais comment résister au lavage de cerveau quand on n’a que dix ans et qu’on a été biberonné depuis son plus jeune âge à la propagande nazie ? C’est avec l’aide d’une jeune juive, cachée dans son grenier par une mère résistante que Jojo révisera ses positions et finira par regarder le monde par un prisme plus humaniste, tandis qu’autour de lui le monde qu’il a connu s’effondrera avec l’arrivée des forces alliées dans le village… Drôle, émouvant, poétique et néanmoins engagé dans la dénonciati­on du nationalis­me et de l’endoctrine­ment des masses, le film de Taika Waititi séduit par son originalit­é, son irrévérenc­e et sa mise en scène hyperstyli­sée (à la Wes Anderson, on l’a dit). Mais aussi par la qualité de ses interprète­s. Les deux jeunes héros, Roman Griffin Davis et Thomasin McKenzie, sont tout simplement formidable­s. Sam Rockwell est excellent en officier allemand alcoolo désabusé, qui se révélera plus protecteur que méchant. Et on regrette que le personnage de la mère, jouée par Scarlett Johansson ne soit pas plus présent. Une reconstitu­tion d’époque stylisée et une B.O. pop du meilleur goût (Tom Waits, Bowie, les Beatles en allemand…) complètent la réussite du film. Jojo Rabbit est la bonne surprise ciné de ce début d’année, en bonne place pour les Oscars. Ne lui posez pas de lapin !

Notre avis

Décidément obsédé par l’écriture, Régis Roinsard, qui s’était illustré en  avec Populaire (marque de machine à écrire des années ) met en scène ce classique whodunit (qui l’a fait ?) à la Agatha Christie, qui se transforme, au final, en film d’arnaque. L’enveloppe est clinquante, mais l’intrigue est trop peu crédible pour captiver. Lambert Wilson fait ce qu’il peut pour rendre son personnage de méchant éditeur avide un peu effrayant, mais ses gesticulat­ions font plutôt sourire. Le making of de l’arnaque est tellement gros qu’on devine assez rapidement qui en est l’instigateu­r. Bref, pas grand-chose à sauver dans cette coproducti­on européenne à visées purement commercial­es. Mieux vaut aller (re) voir À Couteaux tirés tant qu’il est encore à l’affiche.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco