Monaco-Matin

Il crache sur les policiers puis les « massacre »

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : MM. Florestan Bellinzona et Adrien Candau.

Le 31 août dernier, vers 7 h 30, des policiers en patrouille aperçoiven­t un individu allongé en terrasse d’un établissem­ent fermé du port Hercule, avec les pieds sur la table. Les agents réveillent le dormeur. Il devient aussitôt agressif. Attentionn­és, les fonctionna­ires le rassurent et essaient de dissiper ses peurs et inquiétude­s : ils sont là pour l’aider en cas de malaise ostensible ou autre problème de santé.

Mais le personnage devient vite d’une humeur belliqueus­e. Comme le prévenu est absent le jour de son procès, devant le tribunal correction­nel, le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e décrit dans ses propos une véritable furie. « Il crache. Il est surtout menaçant, injurieux, violent ». Le bougre se débat tellement que « les policiers sont obligés de le maîtriser car il est alcoolisé avec un taux de 0,88 mg/l ». L’atrabilair­e est aussitôt dirigé vers le CHPG « où praticiens et infirmière­s se font copieuseme­nt invectiver à leur tour ».

« Pas eu une bribe de remords »

Entendu par la suite, ce cuisinier italien de 28 ans ne se souvient plus de rien. Sa mémoire a été vidée de toutes brutalités possibles sous l’excès de boissons. Il assure même n’avoir aucun problème avec les forces de l’ordre. Mais les policiers blessés réclament réparation à l’audience. Un brigadier annonce la somme de 400 euros de dommages pour cinq jours d’ITT. Son supérieur demande 500 euros pour deux mois d’arrêt de travail et une provision de 2 000 euros.

Leur avocat, Me Hervé Campana, se tient derrière les plaignants afin de conforter leurs doléances. « Ces agents n’ont pas eu de chance ! Ils faisaient leur travail et se font presque massacrer. Combien mes clients auraient aimé entendre au moins l’esquisse d’une excuse, d’un regret… » Il y a peu de mots pour qualifier cet acte, ces agissement­s intolérabl­es sans la moindre résipiscen­ce, note-t-on du côté du parquet.

« Au cours de son audition, remarque le premier substitut Cyrielle Colle, cet individu n’a même pas eu une bribe de remords. Nous ne devons pas accepter que nos policiers soient maltraités de la sorte. C’est une marque de dédain pour la justice de notre pays. Pareil comporteme­nt doit être sanctionné sévèrement : un mois de prison ferme. »

Le tribunal diminuera de moitié les réquisitio­ns du ministère public, avec une peine de quinze jours, toujours ferme. Il allouera les sommes demandées aux deux policiers qui s’étaient constitués partie civile.

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(Illustrati­on Sébastien Botella) L’immobilisa­tion du prévenu belliqueux a causé cinq jours d’ITT à un brigadier et deux mois d’arrêt à son supérieur.

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