« Liens sociaux et droits acquis sont mis en cause »
Pierre Quaranta, ancien secrétaire général de la CFDT maralpine
Pierre Quaranta a été le secrétaire général de l’Union départementale CFDT des Alpes-Maritimes de 1965 à 1981. Avec d’autres anciens, il regrette que son syndicat accompagne aujourd’hui une réforme des retraites qu’il juge dangereuse et qu’il voit comme un premier pas vers la retraite par capitalisation.
Vous déplorez que la CFDT soit devenue un syndicat-godillot ?
Je ne l’exprime pas de cette façon, par respect pour les militants. Mais j’estime que la CFDT ne mesure pas tout ce qui est en cause avec la réforme des retraites. Même le Conseil d’Etat a formulé des réserves par rapport au contrat passé en avec les citoyens. Il faut prendre conscience des hommes au pouvoir auxquels nous avons affaire et qui ne sont pas du tout des hommes de dialogue. Ils ont un objectif, celui d’un néo-libéralisme décrit par Naomi Klein dans
La Stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre. Ce sont tous les liens sociaux et droits acquis qui se trouvent mis en cause. Le niveau s’oriente à la baisse.
Les gens sont stressés au boulot et travaillent pour gagner moins, alors qu’il y a de la richesse. Mais tout est dirigé vers la finance.
Vous appelez la CFDT à renouer avec un syndicalisme plus offensif ?
A l’époque où je la dirigeais, elle avait un dynamisme formidable. Elle était à la pointe du combat, aussi bien en Mai- qu’ensuite, avec pas mal d’actions en faveur des ouvriers spécialisés, des femmes ou de la progression des bas salaires.
Sur la réforme des retraites, vous vous sentez du coup plus en phase avec la CGT ?
Je manifeste aux côtés de la CGT, de Solidaires et de la FSU. Ce sont eux qui sont dans l’action aujourd’hui. Je crois vraiment qu’on ne peut pas avoir un dialogue avec les gouvernants actuels. Et quand je dis actuels, ça englobe aussi les précédents qui nous ont aussi conduits où on en est, même si c’était de manière moins flagrante et moins déterminée.