Les rapatriés sont arrivés à Carry-le-Rouet
Après avoir atterri, hier, à Istres, les Français susceptibles d’être porteurs du coronavirus sont arrivés à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), où ils ont été placés en quarantaine
Masque sur la bouche, doudou au bout des doigts pour les plus jeunes, les premiers rapatriés de Chine sont arrivés à Carry-le-Rouet, hier, à 15 h 25. Quelques-uns ont esquissé un léger signe à travers les vitres de leur bus, comme pour dire « Tout va bien ». Quatre véhicules se sont ainsi succédé devant l’entrée du village Vacanciel, réquisitionné pour l’occasion. Escortés par les motos de la gendarmerie, les 182 passagers du vol qui venaient d’atterrir à Istres quelques heures auparavant, se sont engouffrés derrière le portail noir qui barre l’entrée du site. Placés en quarantaine, ces Français de Chine seront observés durant 14 jours, afin de guetter tout signe de coronavirus. « Les premiers que j’ai pu voir à la descente du bus étaient soulagés et plutôt souriants », confie Marc Zyltman, responsable de la Croix-Rouge sur place.
« Ils sont confinés pas en détention »
Avec ses bénévoles et les équipes de la Sécurité civile, ils s’affairent depuis jeudi pour préparer les lieux, afin d’accueillir tout le monde dans les meilleures conditions. Cela, avec le soutien de spécialistes de la santé pour l’aspect médical. « La réserve sanitaire est présente, avec des psychologues, médecins et infirmiers. Ils seront une vingtaine à être présents sur place, 24 heures sur 24. À la moindre suspicion, il y aura une prise en charge immédiate et un transfert à l’hôpital de la Timone », poursuit Marc Zyltman, comme pour rassurer après la révélation de deux cas suspects dans l’avion (voir cidessous). Dans un contexte différent, les rapatriés auraient très certainement goutté aux charmes du lieu. Niché sur les hauteurs, à flanc de colline, avec vue mer. « Ils sont confinés, mais pas en détention. Les familles resteront ensemble. C’est un complexe hôtelier avec tout le confort nécessaire », tempére le responsable de la CroixRouge. « Nous avons mis en place des activités et des animations. S’ils n’auront pas de contact avec l’extérieur et ne pourront sortir du périmètre, mais ils seront libres de circuler à l’intérieur du village vacances ».
Sous haute surveillance
Pour les personnels au contact des rapatriés, toutes les mesures nécessaires sont prises. « C’est un dispositif raisonné mais pas anxiogène. Ce sont des précautions de bon sens. Tout le monde porte un masque, puisque la transmission est aéroportée. Il y a un sas de décontamination à la sortie. » Des mesures de précaution à l’intérieur, mais aussi, et surtout, à l’extérieur. Lors de l’arrivée des bus, les forces de l’ordre jalonnaient le trajet. À l’entrée de la ville, chaque rondpoint était sous l’oeil des gendarmes mobiles ou des CRS. L’accès au chemin des Eaux Salées, où se situe le village vacances, était bloqué dès le rond-point du club nautique. Pour monter, l’accès se fait au compte-gouttes. Seuls les riverains sont autorisés à passer en voiture. Le site aboutit à un chemin de randonnée. Fermé. Désormais, un arrêté municipal interdit l’accès au lieu, précisant « qu’il est nécessaire, pour des raisons de sécurité, de réglementer temporairement l’accès au site du centre de vacance Vacanciel et à la calanque des Eaux Salées ». Pour faire respecter cela, les gendarmes mobiles d’une unité de Verdun gardent les lieux. Arme à la main. Ils sont en surveillance 24 heures sur 24. « On ne sait jamais. L’installation ici a suscité pas mal de mécontentement. Nous sommes en nombre sur le dispositif pour contrôler les quatre accès au site », souffle l’un d’eux. Ils sont en faction jusqu’à lundi, avant d’être relayés par une autre équipe. Cela au moins pour quatorze jours. « Ça peut être plus, si jamais nous accueillons d’autres rapatriés et selon l’évolution des choses », reconnaît Marc Zyltman.