Ollivon séduit déjà
Nouveau capitaine du XV de France, le plus jeune depuis Raphaël Ibanez en 1998 (24 ans), le troisième-ligne de 26 ans est plébiscité par ses partenaires
Charles Ollivon a changé de dimension. Quand Fabien Galthié a prononcé son nom pour l’introniser capitaine du XV de France le temps du Six Nations, le troisième-ligne du RCT a vu, dans l’instant, les projecteurs se braquer sur sa longue carcasse (1,99 m, 108 kg). A Nice, à l’occasion du stage de préparation pour le Tournoi, le natif de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) a enfilé sa nouvelle casquette pour la première fois. Et il a déjà réussi à se mettre certains de ses partenaires dans la poche. Quand bien même ses détracteurs lui reprochent son maigre bagage international (11 sélections).
Sa carrière était en suspens
Cette prise de galon tient dans la personnalité du Basque. « Il passe très bien dans un groupe », a salué Antoine Dupont la semaine passée. Mais le plus bel hommage n’était pas l’oeuvre du demi de mêlée toulousain. Gaël Fickou a usé des mots les plus forts. « Il a beaucoup de charisme et de tempérament, a dépeint le centre du Racing, joueur le plus capé du groupe (51 sélections) .Ila le caractère et les épaules pour assumer. C’est un jeune capitaine mais je pense qu’il sera bon. Il aura beaucoup d’aide autour de lui, avec Jefferson Poirot ou moi. Il sait s’exprimer et
La digestion s’est voulue difficile. Et s’il est aujourd’hui tourné vers l’avenir, Jefferson Poirot n’a pas oublié le niveau des Bleus en mêlée lors de la dernière Coupe du monde. Au Japon, le pilier avait jugé son équipe tendre et manquant de vice. « On est encore des agneaux », avaitil lâché, sans mâcher ses mots. Des propos sur lesquels il est revenu cette semaine à Nice. Et qu’il n’entend plus prononcer. Dans ce cas, cela voudra dire que le XV de France fait à nouveau peur dans un
Le Basque est un capitaine à l’essai, le temps du tournoi. Il veut un capitanat participatif et s’est entouré d’autres leaders. (Photo S.B.)
il est entraînant. Il va amener de la joie de vivre. Il est légitime. »
La forte personnalité d’Ollivon ne suffit pas à expliquer pourquoi Galthié l’a poussé sur le devant de la scène, avec le lot de responsabilités qui incombe. Le Toulonnais s’est montré époustouflant lors de la dernière Coupe du monde. D’abord réserviste dans un groupe de 37, celui qui est devenu international en novembre 2014 s’est finalement fait secteur clé du rugby moderne.
Le souci du détail
Pour le Bordelais, sous l’impulsion de William Servat, l’ex-talonneur international (49 sél.) débarqué dans les valises de Fabien Galthié pour gérer la conquête, des progrès sont déjà perceptibles. Pas du luxe à l’approche du Crunch de demain, contre une Rose diabolique dans l’exercice. « J’ai l’impression qu’on évolue parce qu’on a pris conscience de tout ce qu’on a mal fait pendant le
une place dans l’avion pour le Japon, au gré des blessures qui ont miné l’effectif de Jacques Brunel.
« Il est arrivé comme un outsider. Il s’est donné à fond et il n’y avait plus de question à se poser à son sujet », confirme Dupont.
« Au Mondial, il a donné l’exemple en étant partout sur le terrain, estime Fickou. A partir du moment où tu fais ça, tu peux porter le brassard. C’est facile de parler mais peu assument sur
Mondial, a exposé Poirot. On a l’idée de redevenir une conquête forte. C’est ce qui nous a manqué au Japon et il ne faut pas se le cacher. Tout le monde est très vexé par rapport à notre niveau. On n’a pas forcément travaillé collectivement. On était trop désunis, on ne poussait pas dans le même axe et on n’avait pas de bonnes liaisons. »
Pour endurcir les avants tricolores, Servat a décidé de réduire la mousse présente dans la tête de joug quand les Bleus s’escriment en mêlée à le terrain. Charles a fait les deux. » Ollivon puise sa force de son parcours. Car ces louanges ont bien failli ne jamais s’abattre sur l’enfant du Saint-Pée-sur-Nivelle (PyrénéesAtlantiques). La faute à une fracture de l’omoplate gauche survenue en 2017 et à une rechute un an plus tard. Le joueur du RCT est un cas complexe et la fin de carrière guette. A 25 ans, le deuxième-ligne se tait, bosse et se reconstruit. l’entraînement. « C’est costaud, avoue Poirot. Quand on tape, c’est dur. Ça nous permet de nous rapprocher des impacts de match. Je découvre (rire). C’est une bonne chose. » Outre cette nouveauté, Servat s’est également montré pointilleux depuis sa prise de fonction.
« On est sur de l’hyper détail, des choses infimes qui, au final, on l’espère, vont faire beaucoup de différences, reprend Poirot. C’est sur les détails que William est très bon. Il ne se centre pas sur un joueur qui va faire la différence seule. Pour lui, ça n’existe pas, on forme un bloc. »
Ce que confirme l’ex-figure du Stade Toulousain.
« Très honnêtement, je n’ai regardé avec eux aucune mêlée de la Coupe du monde en vidéo. Je n’ai pas envie de juger le travail de l’ancien staff. Mais, aujourd’hui, on travaille les liaisons quotidiennement, voire plus. Je
« Il y a un an, on n’aurait pas misé sur lui mais il a prouvé sa force mentale », retrace Dupont. Celle-là même qui doit lui permettre d’assumer le capitanat « qu’il ne pouvait pas refuser » et les critiques qui peuvent l’accompagner. Le nouveau patron des Bleus, installé à Carqueiranne, a demandé des conseils à son prédécesseur, Guilhem Guirado. Un échange précieux. Ollivon a affiné sa philosophie. Il assurera sa fonction «sansrenier » son caractère épicé, laissant la nature faire le reste.
Si la mêlée s’est invitée dans les points presse du stage azuréen, c’est parce qu’elle pourrait jouer un rôle majeur dans le duel contre Farrell et sa bande. Concassés par les SudAfricains sur l’un de leurs points forts, lors de la finale du Mondial (défaite 32-12), les Anglais auront à coeur d’effacer cet accroc. Même si la blessure du pilier droit Kyle Sinckler, au bout de trois minutes, les avaient précipités dans le gouffre. « Je m’attends à une immense réaction et à une grosse entame de leur part (rire). On est le match d’après », se projette Poirot, attentif à l’orgueil du vice-champion du monde dont Eddie Jones, le sélectionneur, a promis d’imposer « une violence physique » que la jeune garde tricolore « n’a jamais rencontrée ».
En réponse, le sélectionneur français, Fabien Galthié, lui a promis une « conquête féroce ».
Le bras de fer est déjà engagé.