L’ASM va-t-elle muscler sa communication ?
Après la première mi-temps houleuse à Nîmes, Oleg Petrov a pris la parole en fin de match, réclamant plus d’équité avec la VAR. Robert Moreno, lui, n’a pas souhaité polémiquer
Peu importe le scénario du match, Robert Moreno donne l’impression d’être placide et que rien ne peut l’atteindre ou le faire sortir de ses gonds. En gros, il ne faut pas compter sur l’Espagnol pour critiquer l’arbitrage ou admettre que l’utilisation de la VAR est douteuse. L’entraîneur de l’ASM n’est pas de ceux qui critiquent publiquement. Marcelo Bielsa fonctionne également ainsi. Cette position peut se tenir sur le long terme si quelqu’un d’autre au club s’en charge.
Mais à Monaco, tout est différent, le slogan du club « Unique forever » le rappelle d’ailleurs assez souvent.
A Nîmes, il semblait nécessaire qu’un cadre du club prenne la parole après le match suite à l’arbitrage de la première période où deux actions litigieuses (l’égalisation de Nîmes et l’expulsion de Bakayoko) pouvaient être sujettes au débat.
C’est donc Oleg Petrov, le vice-président du club, qui s’est exprimé en zone mixte. En anglais. La position du Russe n’a pas changé depuis sa première prise de parole diplomatique, courant novembre, sur l’arbitrage. Il demande de « l’équité » et un traitement juste envers l’ASM arguant que « Monaco est constamment pénalisé par la VAR depuis le début de saison » sans en connaître la raison. Cette sortie était obligatoire mais son écho demeure relatif. D’une parce que les récipiendaires étaient peu nombreux et appartenaient tous à la presse écrite (L’Équipe et Nice-Matin). De deux parce que la barrière de la langue reste toujours un obstacle pour donner au message une certaine portée.
Peser médiatiquement, un boulot à plein temps
Difficile de faire pression sur une instance française en faisant passer des messages, de temps en temps, en anglais et de manière confidentielle. C’est mieux que de ne rien dire évidemment mais Petrov compose avec les particularités de l’ASM. Monaco ne peut pas s’appuyer sur un directeur sportif ni sur un dirigeant avec suffisamment de publicité pour peser dans l’imaginaire des gens et des instances, dès lors cela donne la sensation d’être condamné à subir les événements. Une situation qui rend nerveux les supporters monégasques, notamment sur les réseaux sociaux, mais aussi les joueurs. Wissam Ben Yedder était hors de lui à la pause aux Costières et Benjamin Henrichs a posté une vidéo de l’égalisation nîmoise – où Nolan Roux le tacle – sur son compte Instagram en pointant du doigt l’absence de la VAR.
Sur une saison, l’adage dit que les décisions s’équilibrent mais Monaco s’étouffe à la lecture d’une telle arithmétique.
Dès lors, que faut-il faire ? Car Monaco est un club à part qui évolue dans une galaxie différente. En résumé, on ne fait pas ce que l’on veut sur le Rocher, surtout en termes d’image.
Là où l’OL peut compter sur l’omniprésence d’un JeanMichel Aulas sur les réseaux sociaux et dans les médias, Monaco ne peut pas s’appuyer sur une telle caisse de résonance.
Les joueurs, le chaînon manquant ?
Difficile d’imaginer l’ASM se transformer, du jour au lendemain, en un club qui communique à outrance pour faire pression sur les instances du football français ou sur les arbitres. Surtout, quelle personnalité du Rocher serait mise en première ligne pour faire passer les messages ?
Les Russes ne fonctionnent pas ainsi, le Palais encore moins. C’est compliqué de changer la nature des choses, des gens.
Qui reste-t-il ? Robert Moreno et ses joueurs. Thierry Henry avait de nombreux défauts mais sa sortie sur la VAR (« J’ai un scoop ») a fait le tour des plateaux télés.
L’ancien joueur était charismatique, francophone et envoyait de la punchline quand un micro se présentait face à lui. Robert Moreno ne pourra pas rester éternellement paré dans ses draps du respect du corps arbitral si les résultats ne suivent pas.
À moins que certains de ses joueurs se découvrent l’âme d’un porte-voix et se substituent à leur entraîneur. Wissam Ben Yedder, par ce qu’il représente, pourrait être ce capitaine sonore. Mais est-ce dans son caractère ? Est-ce son rôle ? C’est tout le dilemme de l’ASM depuis cette nouvelle sortie de route. Le club du Rocher doit trouver une manière de peser médiatiquement sur l’irrationalité des matches.
On dit souvent que les grands clubs sont généralement favorisés quand le doute s’invite dans une décision arbitrale.
A Monaco, depuis plusieurs mois, on a surtout le sentiment de subir les choses. Comme si le karma avait choisi son camp…