« La politique est un monde violent »
Conseillère municipale d’opposition de 2001 à 2014, avant de décrocher la mairie de Vallauris il y a 6 ans, Michelle Salucki, 66 ans, fait partie des 24 femmes azuréennes élues maire. Un engagement né petit à petit : « Dans l’opposition, très curieuse de nature, je me suis impliquée à fond, puis, parce que je préfère la critique constructive que gratuite, je me suis lancée. »
« Je ne suis pas féministe , se défend-elle. Mais je ne supporte pas les quotas. Les femmes ont la même intelligence, les mêmes capacités que les hommes. Forcer les hommes à nous accepter n’est pas la meilleure solution. Je pense malgré tout que la loi sur la parité est une bonne chose. »
« C’est à celui qui aura la plus grosse »... affiche
« Les femmes ont les compétences mais elles n’osent pas y aller car la politique est un monde violent. Le combat y est très dur. Il faut avoir un mental très fort, ne pas avoir d’ego surdimensionné. On prend des coups. On vous attaque jusque sur la coiffure, les chaussures, la jupe. Je suis totalement indifférente à cela. Il faut néanmoins avoir un bon équilibre et une famille derrière. » Une autre raison pour laquelle les femmes sont réticentes à se lancer en politique selon Michelle Salucki : les enfants. « Elles ont envie d’en profiter, ont peur de ne pas les voir grandir. Car quand vous êtes maire, les soirées, dans une commune comme celle-ci (26 000 habitants) vous n’en avez pas. »
Est-ce plus dur d’entrer en politique quand on est une femme ? « Non car j’y suis rentrée. Aujourd’hui on me traite à égalité. Mais en 2008, dans un bar, un jour, on m’a dit qu’il était urgent que je retourne dans ma cuisine. Après 6 ans dans l’opposition on m’a dit l’inverse : qu’il était temps qu’on ait une femme. Pour l’intégrité, la rigueur. C’est vrai qu’on est perfectionniste, pointilleuse. La société est aujourd’hui plus apte à vivre cette parité. »
A Vallauris, six hommes convoitent le fauteuil de Michelle Salucki. « Chez certains de mes adversaires, qui se livrent à un concours de format d’affiche, c’est l’ego qui a pris le pas sur la raison. C’est à celui qui aura la plus grosse, s’amuse madame le maire. Les riverains ne sont pas contents. Or on n’a pas le droit de couvrir plus de 25 % de la surface de son local de campagne. La photo de l’un d’eux occupe tout l’angle d’une rue. »